Visteon Gondecourt (Nord) : Mort pour le profit, la direction condamnée04/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2222.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Dans les entreprises

Visteon Gondecourt (Nord) : Mort pour le profit, la direction condamnée

Le procès de Visteon (équipementier automobile) suite à l'accident qui, le 27 septembre 2007, avait causé la mort d'un technicien de maintenance de Gondecourt, a eu lieu le 11 février. Visteon a été condamné.

Ce technicien de 52 ans, embauché en 1984, s'occupait depuis longtemps d'une rotative de moussage très dangereuse qui fabrique des tableaux de bord. Il la connaissait parfaitement. Pourtant, ce jour-là, il a été happé et écrasé dans la machine. Pour la direction, c'est le technicien qui serait responsable car il aurait enfreint les consignes de sécurité.

Pour entrer dans la machine, il fallait ouvrir la porte et tout s'arrêtait. Mais stopper la machine nécessitait au moins quarante minutes d'arrêt, ce qui est bien trop long pour la direction, d'autant plus que la machine bloquait plusieurs fois par jour. Comme de nombreux témoignages l'ont montré, deux autres accès avaient été « bricolés » depuis longtemps, tout le monde savait, notamment la hiérarchie dont les bureaux se trouvaient juste devant, mais elle ne l'avait jamais interdit. Pour intervenir, la maintenance entrait donc dans la machine sans l'arrêter, ce qui était très dangereux car le bras de la machine passait environ toutes les 40 secondes à une hauteur de 1 m ou 1,20 m.

L'avocate de la CGT a dit que les « consignes de sécurité » mises en avant par l'employeur ne s'adressaient qu'aux opérateurs. Pour la maintenance, rien n'était prévu et il n'y avait aucune formation spécifique ; rien non plus pour que la machine puisse fonctionner à vitesse réduite par exemple. En plus, l'endroit était sombre. Il y avait déjà eu des accidents moins graves, mais la direction ne s'était jamais posé le problème de trouver des solutions. C'était donc l'usage de franchir le grillage qui était de fait encouragé. Si bien, a insisté l'avocate, que « la cause de la mort, c'est que la sécurité n'existait pas ».

D'ailleurs, la machine avait été remise en fonctionnement le jour même de l'accident, sans en connaître les causes. Tout cela prouve que, pour l'employeur, la sécurité, ce n'est qu'une couverture.

La direction est condamnée et elle va faire appel. Mais, dans l'usine, nous savons tous qu'elle fait constamment pression pour que la production sorte avant tout. Alors, que la justice le reconnaisse, c'est la moindre des choses.

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