Un an après Xynthia : Le gouvernement cherche à faire oublier sa responsabilité04/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2222.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

Un an après Xynthia : Le gouvernement cherche à faire oublier sa responsabilité

Le gouvernement a organisé des commémorations à l'occasion du premier anniversaire de la tempête Xynthia. Il s'est même fendu d'une gerbe à la mémoire des victimes. Mais un certain nombre de sinistrés ont tenu à afficher leur refus de participer à la cérémonie. Il faut dire que le gouvernement allie le culot et le cynisme.

Rappelons que, si Xynthia a tué 47 personnes, ce n'est pas seulement dû à la conjonction d'événements : une grande marée coïncidant avec une dépression. Un tel événement arrive forcément à certains intervalles, et il était prévu par la météo 48 heures avant. Pour faire évacuer les habitants, il aurait fallu qu'existe un plan répertoriant les digues et leur hauteur, et l'altitude des habitations. Un tel plan était réclamé mais rien n'existait, faute de moyens, et du fait du démantèlement des DDE (Directions départementales de l'équipement). Cette politique d'économies s'est révélée criminelle.

On ne peut pas dire que les risques n'étaient pas connus. L'alerte avait été donnée après les inondations de Vaison-la-Romaine en 1992. Puis, après la tempête de 1999, on avait alors promis de recenser les digues, mais sans suite. En Vendée, s'est ajoutée la responsabilité de ceux qui ont spéculé sur la construction immobilière dans ces zones à risque.

Après Xynthia, l'urgence pour le gouvernement a été de faire oublier ses responsabilités. Les préfets ont délimité à la hâte, sans aucune concertation avec les habitants, des zones dites « noires », appelées par la suite « de solidarité », dont les habitants étaient expropriés contre rachat de leur maison par l'État. Après avoir tenté de faire passer ce zonage en force, les préfets ont été contraints de le revoir à la suite des protestations, et il n'est toujours pas définitif aujourd'hui, si bien que beaucoup d'habitants ne savent toujours pas s'ils vont devoir partir.

Des habitants qui ont été inondés, mais non classés en zone noire, voudraient déménager. Seulement, aujourd'hui leur maison a perdu de sa valeur et sa vente ne leur permettrait pas de se reloger. Ils n'ont droit qu'aux bons conseils, comme « construisez un étage pour vous réfugier en cas de nouvelle inondation », mais aucune aide de l'État n'est prévue pour faire ces travaux. Quant aux ostréiculteurs sinistrés, même quand ils sont indemnisés par leur assurance, ils perdent une franchise de 10 % et ne bénéficient d'aucune aide pour relancer leur activité ou pour réaménager ou déménager leurs installations.

À l'inverse, d'autres familles situées en zone noire, comme à Boyardville (île d'Oléron) ou aux Boucholeurs près de La Rochelle, voudraient rester et réclament une digue pour les protéger. Mais les digues - la loi le veut ainsi - sont construites si leur coût est inférieur à celui de l'expropriation des habitants qu'elles protégeraient. Cela conduit à protéger de belles villas sur l'île de Ré, mais à refuser toute protection à des habitants moins fortunés.

Une commission d'information parlementaire chiffre à 800 millions d'euros les besoins pour l'entretien des digues, mais Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l'Écologie, ne veut y consacrer que 500 millions d'euros. En bien des endroits, les digues endommagées par Xynthia ne sont toujours pas réparées et le resteront, car il est aisé d'imaginer que les sommes qui seront consacrées à la sécurité seront encore diminuées quand le souvenir de la catastrophe s'éloignera.

Les critères de la rentabilité capitaliste ne font décidément pas bon ménage avec la protection des populations contre les risques naturels.

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