Île de La Réunion : Grève à EDF et à la Séchilienne04/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2222.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Dans les entreprises

Île de La Réunion : Grève à EDF et à la Séchilienne

Après plusieurs journées de grève en décembre et janvier derniers, les directions d'EDF et de la Séchilienne-Sidec (entreprise privée productrice d'électricité) n'ont toujours pas donné suite à la revendication des travailleurs concernant l'application de l'article 14 paragraphe 6 du statut national des Industries électriques et gazières.

Article qui stipule que les travailleurs produisant du courant électrique dans les DOM devraient percevoir la totalité des primes dites de vie chère perçues par les fonctionnaires d'État. À La Réunion, le respect de cet article ferait passer cette prime, actuellement de 25 %, à 53 % du salaire.

Devant cette situation bloquée, la CGT Réunion a décidé d'appeler à deux journées de grève jeudi 24 et vendredi 25 février, avec les CGT des autres DOM. À EDF Réunion, dans les usines privées du Gol et de Bois-Rouge, la grève a été totale, ce qui a obligé la direction de la Séchilienne à procéder à des baisses de production dans chacune de ces usines.

Samedi 26 février, la grève a été reconduite à la production et un piquet de grève d'une cinquantaine de travailleurs s'est positionné devant les portes de la centrale du port, interdisant l'accès aux équipes de maintenance. L'équipe de quart de l'après-midi, qui n'acceptait de rentrer que pour assurer la sécurité des installations, a, devant les pressions de la direction, refusé dans un premier temps de prendre le travail, faisant valoir son droit de retrait.

Avant même le début de la grève, le directeur du centre EDF avait déclaré à la presse que « la revendication des 53 % ne concernait pas les agents EDF ». Il pensait ainsi décourager certains agents de se joindre au mouvement. Mais c'est l'inverse qui s'est produit. À chaque nouvelle journée, de nouveaux agents ont rejoint le mouvement, y compris des adhérents de la CFDT et de FO, dont les dirigeants se sont prononcés ouvertement contre la grève.

Au sein même de la confédération CGTR les avis étaient partagés, certains craignant que la grève et les coupures n'opposent la population aux grévistes. Cela n'a pas eu lieu. Sur les piquets de grève, lors des opérations escargot c'est plutôt des encouragements d'autres travailleurs à continuer de lutter qui se sont exprimés. C'est que les prix n'arrêtent pas d'augmenter à La Réunion. Alors, rien d'étonnant à ce que le fait de revendiquer une augmentation des salaires, même si cela se fait sous la forme d'une augmentation de prime, c'est-à-dire d'une façon qui ne peut pas être d'emblée reprise par tous les travailleurs comme le serait l'augmentation générale des salaires, rencontre la sympathie de nombreux travailleurs et militants. C'est sans doute pourquoi les grévistes ont eu droit à des attaques incessantes dénigrant leur mouvement, les présentant comme des privilégiés prêts à priver la population de courant pour des intérêts égoïstes. Les trois présidents des Chambres patronales n'ont pu, eux aussi, résister à l'envie de vilipender les grévistes, les accusant de vouloir « prendre en otage les 14 000 PME de l'île ».

Quand tout ce monde s'égosille, les grévistes savent qu'ils ont bien raison de se défendre.

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