Grèce : Une grève générale massive04/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2222.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Dans le monde

Grèce : Une grève générale massive

La grève générale du 23 février et les manifestations en Grèce ont été massives : 30 000 personnes selon la police, 50 000 selon les syndicats ont défilé pendant plus de quatre heures dans les rues d'Athènes, et plus de 20 000 à Thessalonique.

Ces milliers de manifestants étaient de tous âges et de tous les secteurs professionnels, souvent des travailleurs licenciés, survivant avec des petits boulots, comme cette femme de 50 ans devenue baby-sitter à 350 euros par mois. Il y avait aussi beaucoup de salariés ou de retraités qui, après les coupes dans les allocations et les salaires, survivent avec des revenus de 1 000 voire 750 euros, totalement insuffisants pour faire face à la hausse des prix.

Les syndicats du public (ADEDY) et du privé (GSEE) avaient appelé à cette journée de grève ; la Confédération nationale du commerce (ESEE) s'était jointe au mouvement, la crise ayant poussé de nombreux petits commerçants à mettre la clé sous la porte.

La situation est en effet catastrophique : selon les chiffres officiels, en janvier, la quasi-totalité des prix des produits et services ont augmenté ; sur un an on compte 9 % d'augmentation pour le logement et 15 % pour les transports ; depuis le mois de février, le ticket de bus et métro à 1 euro à Athènes est passé à 1,40 euro, alors que le salaire minimum n'atteint pas les 700 euros. L'augmentation des péages autoroutiers déclenche régulièrement des manifestations et des refus de payer. Le chômage a augmenté de plus de 30 % en un an et touche particulièrement les femmes (17 %) et les jeunes. Un jeune sur trois entre 15 et 24 ans est au chômage et un jeune sur cinq, entre 25 et 34 ans. Le syndicat GSEE prévoit que les chômeurs seront un million fin 2011 et que 20 % des travailleurs seront soit chômeurs, soit employés à mi-temps.

De plus, quelques jours avant la journée de grève, les experts de la Troïka (FMI, Banque européenne et Union européenne) avaient déclaré que le gouvernement grec devrait économiser 1,8 milliard d'euros supplémentaires pour 2011 et 23 milliards pour la période 2012-2015. Quant au directeur exécutif du FMI il avait indiqué, le 10 février, que « l'adaptation budgétaire » se poursuivrait en Grèce pendant 15 à 20 ans !

Il n'est pas étonnant que le FMI ait été une nouvelle fois hué par les manifestants, et le gouvernement avec. Ce gouvernement « socialiste » a déjà prévu d'augmenter en janvier 2012 les cotisations médicales des retraités. Le ministre des Finances, Papaconstantinou, a demandé aux entreprises d'utilité publique de réduire de 20 % les salaires des travailleurs et de 15 à 20 % les dépenses de fonctionnement. La ministre de l'Éducation a déclenché la colère des enseignants et des parents d'élèves avec un projet de regroupement d'écoles.

Devant la situation dramatique et assez chaotique, la presse évoque des élections anticipées, ce qui ne changerait rien ; d'ailleurs, à la question « quel serait le meilleur gouvernement, celui du gouvernement actuel (Pasok) ou celui de la droite (Nouvelle Démocratie) ? », 64 % des sondés ont répondu : « ni l'un ni l'autre ».

Dans différents secteurs des grèves se poursuivent, en particulier dans les transports. Une lutte d'ensemble, c'est effectivement la seule solution pour résister au laminage des plans gouvernementaux.

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