Flambée des prix du carburant : Les pétroliers se gavent, l'État aussi04/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2222.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

Flambée des prix du carburant : Les pétroliers se gavent, l'État aussi

Difficile de ne pas constater l'actuelle flambée des prix du carburant, quand elle atteint 1,50 euro pour le litre de sans-plomb 95 et plus de 1,30 pour le gazole. Et comme chaque fois, de prétendus experts se relaient pour affirmer que c'est inéluctable, que c'est le résultat de la situation en Libye et plus généralement au Proche-Orient.

C'est vraiment prendre les consommateurs pour des imbéciles ! La production pétrolière de la Libye, autour de 1,5 million de barils par jour, est certes à l'arrêt, mais elle ne représente qu'à peine 2 % de la production mondiale. Il n'y a donc pas de risque de pénurie. D'autant que l'Arabie saoudite, dont les installations peuvent fournir jusqu'à trois millions de barils supplémentaires par jour, s'est engagée à compenser l'arrêt de la production libyenne. Par ailleurs, le carburant qui est actuellement distribué provient d'achats réalisés bien avant la crise libyenne, le pétrole d'aujourd'hui ne devant être mis sur le marché qu'en avril.

Alors, rien ne justifie la flambée actuelle, si ce n'est l'appât du gain des spéculateurs et la volonté des trusts pétroliers, qui sont aussi les premiers acteurs et bénéficiaires de la spéculation, de profiter de leur rente de situation. Ils n'ont pourtant pas besoin de ça pour faire des profits indécents : Total par exemple a annoncé plus de 10 milliards d'euros de profit en 2010 !

Quant aux représentants du gouvernement, ils n'ont dénoncé à aucun moment cette situation qui pèse pourtant lourdement sur le budget de la population. Et pour cause, l'État profite aussi de la flambée des prix. Selon l'Union des industries pétrolières, pour un litre de gazole affiché à 1,267 euro en janvier 2011, la part du pétrole représentait 0,447 centimes, le raffinage 0,065 centimes, la distribution 0,085 et les taxes 0,641. Les taxes empochées par l'État représentent donc plus de 50 % d'un litre de gazole et encore plus pour l'essence. Rien que la taxe sur les produits pétroliers, la TIPP, qui ne dépend pas du prix du brut, rapporte 25 milliards par an aux caisses de l'État. En revanche, la TVA qui s'ajoute à la TIPP, et qui rapporte déjà entre 9 et 10 milliards à l'État, elle, augmente proportionnellement au prix des carburants. On comprend que le gouvernement se taise et laisse faire. Et ces taxes sont d'autant plus injustes qu'elles touchent plus durement le budget des pauvres que celui des riches.

Les compagnies pétrolières ne sont donc pas les seules à engranger un véritable pactole, l'État aussi. Et cela sur le dos de la population.

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