Salon de l'agriculture : Une vitrine qui ne masque pas la crise23/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2221.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

Salon de l'agriculture : Une vitrine qui ne masque pas la crise

L'an dernier, Sarkozy n'avait fait qu'une visite éclair au Salon de l'agriculture, au moment de la clôture, craignant sans doute d'être confronté à la colère d'agriculteurs rendus furieux par la baisse de leurs revenus en 2009. Cette année, au contraire, il s'y est attardé, année pré-électorale oblige.

Et peut-être aussi parce qu'en 2010, selon les statistiques du ministère de l'Agriculture, contrairement à 2009, les agriculteurs auraient vu leur situation s'améliorer, leur revenu annuel moyen ayant atteint 24 400 euros contre 14 600 euros en 2009, soit une augmentation de 66 %.

Cela n'a pas empêché le président d'être pris à partie par un certain nombre d'agriculteurs - et en particulier des éleveurs - venus manifester. Il faut dire que cette hausse spectaculaire de revenus en 2010 est loin de compenser les fortes baisses des deux années précédentes. En 2008 et 2009, le revenu moyen des agriculteurs avait en effet reculé de 46 % au total. Résultat, en 2010, en dépit de la hausse, il restait inférieur de 11 % à celui de 2007.

Surtout, ces chiffres moyens masquent de profondes inégalités de situation. Selon la taille de leur exploitation et selon la nature de leurs productions, tous les agriculteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Il y a des riches, et il y a des pauvres.

Avec la flambée des cours mondiaux du blé, du maïs, du soja depuis l'été dernier, les exploitants des grandes cultures - une petite minorité au sein du monde agricole - raflent la mise. Selon des statistiques du ministère de l'Agriculture, leur revenu a été multiplié par 2,6, atteignant en moyenne 37 000 euros pour les céréaliers et 46 000 euros pour les betteraviers.

À l'inverse, le revenu des éleveurs, que l'augmentation des prix des céréales pénalise, n'a lui progressé en moyenne que de 25 %, atteignant en moyenne 14 700 euros, essentiellement grâce à l'augmentation des aides directes européennes dont ils ont bénéficié, certains gagnant sans doute beaucoup plus et d'autres beaucoup moins. C'est-à-dire pas assez pour vivre.

Selon des statistiques de la Mutualité sociale agricole, en 2008, en France, 25,7 % des ménages d'agriculteurs avaient un niveau de vie en deçà du seuil de pauvreté. Et à la fin du mois de janvier 2010, 30 380 agriculteurs touchaient le RSA, soit une hausse de 6,3 % par rapport au mois précédent (il y a actuellement en France au total 350 000 exploitations agricoles professionnelles).

Les difficultés des éleveurs, des producteurs laitiers, etc., n'ont rien de naturel. Elles sont liées au fait qu'ils sont pris entre deux feux : d'un côté la spéculation sur les matières premières qui fait flamber leurs charges et de l'autre l'avidité des capitalistes de l'agro-alimentaire et de la grande distribution qui réduit leurs marges. C'est aussi ce qui fait qu'au bout du compte les consommateurs payent le prix fort.

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