Michelin : Les accidents du travail ? Pour la direction, ça n'existe pas !23/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2221.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans les entreprises

Michelin : Les accidents du travail ? Pour la direction, ça n'existe pas !

Pour diminuer ses cotisations à la Sécurité sociale pour les accidents du travail et les maladies professionnelles, la direction de Michelin multiplie les manoeuvres à l'encontre des travailleurs. Tous les moyens sont bons : pressions, menaces, chantage à la prime d'intéressement.

À l'usine de Bassens, près de Bordeaux, l'inspecteur du travail a enquêté et a confirmé les méthodes que dénoncent les militants syndicaux. Voici les faits qu'il a relevés : « Pressions de la part de leur encadrement de proximité en vue de les faire renoncer en partie ou en totalité à un arrêt de travail. » « Ces pressions se manifestent par des appels téléphoniques au domicile du salarié et/ou par une visite physique le jour même ou dans la semaine de leur arrêt de travail. » « Ces prises de contact aboutissent rapidement à demander de façon insistante au salarié s'il accepterait d'occuper temporairement un poste de travail aménagé, sous la menace à peine voilée de porter atteinte à sa carrière. » « Il apparaît, après examen des bulletins de salaires, que ces derniers ne mentionnent pas de jours d'arrêts de travail, ces bulletins de salaire font apparaître des "permissions payées" et des "primes de contribution" pour les périodes concernées. »

Ces méthodes ne se limitent pas à ce site, elles sont vécues par les salariés dans toutes les usines. Ce qui n'empêche pas les dirigeants d'affirmer récemment : « En matière de sécurité (...) nos progrès font de Michelin une référence au niveau mondial. »

L'encadrement est utilisé pour inciter les travailleurs accidentés à refuser un arrêt de travail quand ils se rendent chez leur médecin, ou à revenir au plus tôt à l'entreprise. Certains essayent même de dissuader un salarié qui se plaint de douleurs de consulter le médecin, en refusant de lui donner le formulaire permettant de ne pas payer la consultation. Ainsi, si le salarié doit se rendre finalement chez son médecin, la direction espère que cet accident passera en maladie et sera pris en charge à ce titre.

Il y a aussi cette pression permanente pour que les travailleurs concernés n'en parlent pas, pour éviter d'alerter les représentants du personnel, bref pour camoufler les accidents. La conséquence, quand il s'agit d'une maladie professionnelle, est qu'il est difficile de la faire reconnaître comme conséquence des conditions de travail... surtout quand on n'a jamais eu d'arrêt de travail lié à cette pathologie.

Comme tout cela ne devait pas encore suffire à supprimer les déclarations d'accidents, depuis plusieurs années Michelin prend en compte ces déclarations dans les critères d'attribution de la prime d'intéressement. Les victimes d'accident qui osent aller consulter un médecin et se faire arrêter pour se soigner deviennent coupables... Coupables de faire monter le « taux de fréquence » et donc de faire perdre quelques dizaines d'euros à leurs camarades !

Voilà le genre de pratiques courantes dans le groupe Michelin, et que l'on retrouve évidemment dans beaucoup d'autres entreprises. Les travailleurs doivent être incités à résister et à dénoncer ces méthodes inadmissibles.

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