Algérie : 30 000 policiers face à 2 000 manifestants16/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2220.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans le monde

Algérie : 30 000 policiers face à 2 000 manifestants

Samedi 12 février, à l'appel d'une Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) regroupant différents partis et associations, une marche -interdite par le pouvoir - était prévue dans le centre d'Alger, de la place du 1er-Mai à la place des Martyrs.

Les revendications mises en avant par la CNCD concernaient « le changement et la démocratie », « une Algérie démocratique et sociale », mais aussi la levée de l'état d'urgence et la libération des détenus des émeutes de début janvier.

Signe de l'inquiétude du pouvoir, tout un dispositif a été mis en place pour empêcher la manifestation de se tenir. Dès la veille, les accès à la place du 1er-Mai étaient sous le contrôle des forces de police, les véhicules et les bus en provenance de l'est du pays, de la Kabylie notamment, ont été respectivement filtrés et refoulés. Au total, face aux manifestants, 30 000 policiers ont été déployés le 12 février. Ce n'était plus « Alger la blanche » mais « Alger la bleue », tant la présence policière était visible dans les principales artères de la capitale.

Malgré ce déploiement de forces, 2 000 personnes se sont regroupées sur la place du 1er-Mai. Reprenant le slogan « Le peuple veut faire tomber le régime », les participants ont lancé toute la journée des invectives contre le gouvernement algérien et son président Bouteflika : « Y'en a marre de ce pouvoir », « Pouvoir assassin », « À bas la dictature », « One, Tunisie ; two, Égypte ; three, viva l'Algérie », « Moubarak est parti, c'est au tour de Bouteflika »...

Des contre-manifestants ont tenté de s'opposer en scandant des slogans pro-Bouteflika, mais sans succès. Il y eut plus de 300 arrestations, dont une cinquantaine de femmes appréhendées par des brigades policières féminines spécialement déployées à cette occasion.

À l'issue de la manifestation la CNCD a appelé à une autre marche le 19 février, annonçant même qu'elle manifesterait chaque samedi. Rien ne dit bien sûr que ce qui s'est produit en Tunisie et en Égypte doive se reproduire automatiquement en Algérie. Rien ne dit non plus que les masses populaires algériennes, profondément mécontentes, se reconnaissent pour autant dans une coordination qui ne met en avant aucune revendication sociale précise. Mais le pouvoir algérien, par sa mobilisation policière, a déjà montré combien il s'oppose à la liberté de manifester, et combien il craint la simple expression d'une opposition.

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