Aéroport de Roissy : La médecine du travail remise en cause16/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2220.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans les entreprises

Aéroport de Roissy : La médecine du travail remise en cause

Dans la zone de l'aéroport de Roissy, comme dans bien des endroits, les employeurs délèguent la médecine du travail à un organisme extérieur. Jusque-là, c'était l'ACMS (l'Association des centres médicaux et sociaux, un organisme interentreprises de santé au travail), qui pratiquait les visites médicales pour les entreprises de sous-traitance.

Depuis des années, ces médecins du travail ont vu leur effectif diminuer et beaucoup de patrons rêvaient de ne plus avoir affaire à eux, les trouvant trop chers, comme ils trouvent trop cher de payer des visites annuelles ou la visite de reprise du travail.

Aussi des entreprises de bagagistes, d'agents de piste ou de sûreté, comme Tract-Piste, Traffic-Air ou RTO (du groupe Europe Handling), ont préféré faire appel à un autre organisme appelé Sistvo, du groupe Héloise. Les patrons qui adhèrent à cette officine n'ont qu'un objectif en tête : ne pas s'embarrasser de salariés avec restrictions médicales après des arrêts de travail, ne pas être obligés de les reclasser, voire se débarrasser de salariés trop malades.

Les salariés qui ont affaire à ces médecins comprennent très vite de quel côté ils sont : les restrictions médicales coûteraient cher à l'entreprise, cela ne pourra pas continuer... Un salarié a été ainsi convoqué douze fois dans l'année par le médecin, un harcèlement visant à le faire partir de l'entreprise plus qu'une visite médicale. Et des salariés cachent au médecin du travail leurs problèmes, de peur d'être déclarés inaptes et de perdre leur emploi.

Bien entendu, ces officines remettent en cause les diagnostics du médecin traitant et, dans certains cas, on s'aperçoit même en arrivant au cabinet qu'on est déjà classé « apte » avant de passer la visite ! Quant à leur compétence, ils n'ont pas de matériel pour tester l'ouïe, par exemple, alors qu'un aéroport est par définition archi-bruyant.

La responsabilité des employeurs dans les mauvaises conditions de travail est évidente. Les médecins du travail avaient remarqué le nombre excessif de tendinites chez les agents de sûreté, et aussi le nombre d'infections urinaires. Il n'y pas de point d'eau pour le personnel, et on leur interdit même d'aller aux toilettes, ou alors après deux ou trois heures d'attente. Les bagagistes, entre salariés, on les appelle « dos cassés » : certains à 20 ans ne peuvent déjà plus exercer ou ont des sciatiques, car un bagagiste soulève dans sa journée jusqu'à quatre tonnes de bagages.

La remise en cause de la médecine du travail dans les lois actuelles donne de nouvelles armes à un patronat qui, on le voit, n'en avait vraiment pas besoin.

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