Toyota (Onnaing - Nord) : La direction fête les dix ans de l'usine26/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2217.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Dans les entreprises

Toyota (Onnaing - Nord) : La direction fête les dix ans de l'usine

Le 31 janvier 2001, la première Yaris sortait des lignes de production de l'usine d'Onnaing, près de Valenciennes, prête à être vendue. En dix ans, c'est plus de 1,9 million de voitures qui ont été produites dans cette usine qui, conçue pour délocaliser en France une partie de la production japonaise, a pris le relais pour produire toutes les Yaris vendues en Europe.

Des coûts salariaux plus faibles qu'au Japon, un haut niveau de productivité avec en plus les possibilités d'embaucher dès le début des ouvriers de moins de 25 ans, des infrastructures industrielles développées et des aides étatiques en tout genre, ont permis aux actionnaires du groupe d'accroître encore un peu plus leur richesse.

Car Toyota n'est pas venu dans le nord de la France pour créer de l'emploi, mais bien pour produire encore un peu plus de profits, et les profits générés par l'exploitation du travail dans cette usine sont énormes.

Une année où la direction avait moins pris garde de masquer la réalité des comptes, la CGT de l'usine a pu révéler publiquement que l'entreprise déclarait 82 millions d'euros de bénéfice net, tout en envoyant 166 millions d'euros de « royalties » à la maison mère au Japon.

Une expertise révélait qu'en 2009 les salaires ne représentaient que 4 % du prix du véhicule. Et si aujourd'hui la direction de l'usine annonce des pertes, c'est uniquement parce que les comptes sont conçus dans ce but, avec en aval des voitures vendues à 8 700 euros à une filiale belge qui les revend aux clients à 13 000 euros, et en amont des pièces détachées dont le prix monte. et qui sont produites chez des sous-traitants à capitaux Toyota.

En ce qui concerne l'emploi, il y a aujourd'hui un peu moins de 3 000 salariés en CDI dont la grande majorité sont des ouvriers jeunes, entre 25 et 35 ans.

Jeunes, mais abîmés par des charges de travail élevées et des horaires qui usent les muscles, les tendons, les articulations. et les nerfs.

En dix ans, Toyota a aussi produit 3 000 « ex ». Sans compter les milliers d'intérimaires différents qui se sont succédé dans l'usine, c'est environ 3 000 travailleurs en CDI qui ont été licenciés ou poussés dehors depuis que l'usine existe, soit parce qu'ils commençaient à être trop abîmés par le travail, soit parce qu'ils devenaient un peu trop revendicatifs aux yeux de la direction.

Mais, en aggravant sans cesse l'exploitation, Toyota contribue à former une génération d'ouvriers pour les révoltes à venir. La grève d'avril 2009 et la conscience collective qu'elle a fait naître chez des centaines de travailleurs en sont les prémices.

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