SNCF : Face aux usagers mécontents, la direction reconnaît, mais ne fera rien26/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2217.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Dans les entreprises

SNCF : Face aux usagers mécontents, la direction reconnaît, mais ne fera rien

Les usagers de la SNCF en ont ras le bol ! Ce n'est pas nouveau, mais depuis le 18 janvier, certains ont décidé de le manifester. Sur la ligne Angers-Le Mans-Paris, ils refusent de présenter leur carte d'abonnement aux contrôleurs et arborent un badge « Abonné en grève ».

Leur objectif est de protester publiquement contre l'absence de transports de remplacement lors de la grève de la fin de l'an dernier et surtout contre les dysfonctionnements à répétition qui entraînent des retards multiples. Les tarifs sont élevés pour des trajets de plus en plus aléatoires, dans des conditions qui ne cessent de se dégrader. « Ça suffit » disent-ils en substance, et leur sentiment est largement partagé puisque le mouvement est en train de faire tache d'huile. Sur les lignes Tours-Paris, sur celles de la région Nord-Pas-de-Calais vers Paris (depuis Arras ou Dunkerque, en particulier), sur la ligne Paris-Caen-Cherbourg, ainsi que sur différentes lignes régionales comme celles de Bourgogne, des usagers refusent de présenter leur titre de transport aux contrôleurs.

Pépy, président de la SNCF, est gêné aux entournures face à ce mouvement. Tout en reconnaissant les faits et en exprimant une certaine compréhension vis-à-vis des usagers mécontents, il s'est contenté d'expliquer que la SNCF vivait une « crise de croissance » et qu'il allait mettre en place un « plan d'urgence » visant à améliorer une douzaine de lignes considérées comme « sensibles ». « Sensible » est un qualificatif soft pour évoquer la situation de lignes saturées, faisant circuler du vieux matériel, méritant souvent d'être tout simplement remplacé, circulant sur des voies de moins en moins entretenues, ce qui constitue un risque surtout en cas de fortes intempéries, le tout avec un personnel de plus en plus réduit. La liste aurait pu être rallongée sans problème, tant l'ensemble du réseau ferroviaire, qu'il s'agisse des grandes lignes ou des lignes de banlieues et des lignes régionales, nécessiterait d'être repris entièrement.

Par où commencer ? La direction SNCF explique qu'il est difficile de définir les lignes sur lesquelles intervenir en urgence parce qu'il lui faut se mettre d'accord avec RFF (qui est propriétaire des voies) et avec les Conseils régionaux dont dépendent les TER. Mais dans les faits, l'une des raisons principales de ces dysfonctionnements et de l'incapacité à y remédier réside dans la réorganisation en cours de toute l'activité ferroviaire dans le sens de la seule rentabilité financière.

Dans son budget 2011, la SNCF prévoit une forte augmentation de son chiffre d'affaires et annonce des bénéfices eux aussi en hausse. Mais ces bons résultats financiers sont réalisés pour près de la moitié (44,5 %) grâce à l'activité de ses filiales non pas ferroviaires mais routières ! Ce sont les camions qui encombrent routes et autoroutes qui deviennent prédominants dans le groupe SNCF ! Le service aux usagers est réduit quant à lui à la portion congrue, sans pour autant que les tarifs ne cessent d'augmenter... de l'ordre de 3 % en moyenne, dès février.

Pour les usagers mécontents, Pépy a annoncé une indemnisation de 100 euros. Une façon de reconnaître que ses services ne fonctionnent pas correctement. Mais ce montant est insuffisant ont jugé à juste titre les usagers, qui réclament une indemnisation correspondant à deux semaines d'abonnement, soit environ 300 euros par abonné. Ce serait bien la moindre des choses, car si la SNCF était vraiment une entreprise préoccupée de satisfaire ses usagers, ce n'est pas une indemnisation des déboires causés qu'elle devrait fournir, mais un service efficace, digne du 21e siècle, confortable et surtout très bon marché, pour ne pas dire gratuit.

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