Santé : Le manque de médecins s'aggrave26/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2217.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

Santé : Le manque de médecins s'aggrave

L'Association française de pédiatrie ambulatoire, qui représente une grande partie des médecins pédiatres travaillant dans le secteur libéral, a déposé une pétition au ministère de la Santé pour protester contre le manque de pédiatres : il n'y a en France qu'un pédiatre pour 5 300 enfants.

L'association réclame qu'on forme 600 nouveaux pédiatres par an au lieu de 280 actuellement car, dans certains endroits, la situation devient véritablement dramatique. En Haute-Loire, par exemple, il ne resterait plus qu'un seul pédiatre libéral, âgé de 63 ans.

Mais les pédiatres ne sont pas les seuls médecins à manquer dans le pays. Dans les années soixante-dix, le gouvernement a décidé d'instaurer un numerus clausus à l'entrée des études de médecine. Il voyait là une bonne façon de réaliser des économies dans le domaine de la santé : moins de médecins signifie forcément moins de prescriptions. Bien sûr, cela entraînait également une dégradation des soins, mais cet aspect de la question n'a visiblement jamais été prioritaire pour tous les gouvernements qui se sont succédé depuis. La plupart des organisations corporatistes du monde médical ont approuvé ce quota. C'était pour ces médecins la garantie d'avoir des patients de plus en plus nombreux et donc des revenus en augmentation.

Le nombre de places au concours de médecine est passé de 8 500 dans les années soixante-dix à 3 500 en 1992, puis il a remonté à 4 000 en 2000. À partir de là, les médecins formés dans les années 1960 ont commencé à partir en retraite et la pénurie médicale s'est brusquement aggravée. Le gouvernement s'est donc enfin décidé à remonter le numerus clausus significativement : il est à 7 400 cette année. Mais c'est insuffisant et de toute façon trop tardif. Depuis 2005 le nombre de médecins en activité diminue et les études de médecine durant plus de dix ans, il ne devrait commencer à remonter qu'après 2020.

Un autre aspect de cette pénurie organisée est qu'elle n'est pas identique partout en France et n'affecte pas de la même manière toutes les spécialités. Le gouvernement fixe également le nombre d'étudiants dans chaque branche et répartit ainsi la pénurie globale entre les spécialités. Modifier cette répartition ne revient aujourd'hui qu'à déshabiller Pierre pour habiller Paul.

Les pédiatres ont de bonnes raisons, concernant les intérêts de la collectivité, de dénoncer leur nombre insuffisant, mais il est regrettable qu'ils ne dénoncent pas le manque global de médecins et la politique qui a conduit à cette situation. Aujourd'hui, il serait nécessaire de supprimer le numerus clausus et, en attendant que cette mesure fasse son effet, il faudrait organiser une meilleure répartition géographique et par spécialité des médecins existants. Et cette répartition devrait tenir compte avant tout des besoins sanitaires de la population et non d'un quelconque souci d'économie ni des intérêts corporatistes de certaines catégories de médecins.

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