Grande-Bretagne : Économies sur la sécurité en mer Un gouvernement de naufrageurs26/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2217.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Dans le monde

Grande-Bretagne : Économies sur la sécurité en mer Un gouvernement de naufrageurs

Le gouvernement britannique a estimé que les services de sécurité en mer coûtaient trop cher par rapport au service rendu. L'État cessera donc d'affréter des remorqueurs de haute mer, fermera dix des dix-huit stations de secours en mer, n'en laissant même que trois opérationnelles 24 heures sur 24 pour toutes les îles britanniques. De plus, l'armée de l'air va fermer une de ses deux bases d'hélicoptères de secours en Écosse.

Chacune de ces mesures est lourde de dangers, la conjonction des trois engendrera inévitablement des catastrophes.

Le remorquage en haute mer, particulièrement dans la Manche, la mer la plus fréquentée du monde, est une nécessité vitale. La France et la Grande-Bretagne l'avaient quasiment nationalisé après la catastrophe de l'Amoco Cadiz, affrétant à l'année de puissants remorqueurs capables d'intervenir immédiatement et sans conditions autres que la sécurité. Car, en 1978, ce pétrolier en détresse s'était échoué, libérant 250 000 tonnes de pétrole, pendant que son armateur et celui des remorqueurs arrivés sur place négociaient, avant intervention, le prix du sauvetage ! Le respect de la propriété privée et du droit des affaires avait conduit à la pire marée noire à ce jour sur les côtes bretonnes.

La fermeture des centres de secours locaux est soi-disant « justifiée » par le fait que les moyens modernes d'intervention, électronique, radars, vedettes rapides, etc., permettraient des économies de moyens. C'est faire bon marché de l'expérience des marins qui connaissent leur région, ses conditions, ses dangers et interviennent sur les zones même où ils travaillent depuis toujours. Lorsqu'il s'agit de remorquer un navire en perdition, près d'une côte dangereuse sous le vent, aucun radar ne remplacera la connaissance de la mer, du vent et des lieux. Les marins en détresse auront désormais la triste satisfaction de savoir que leur naufrage est parfaitement visible sur un écran situé à des centaines de kilomètres.

Quant à la fermeture de cette base d'hélicoptères située dans une zone où la mer est particulièrement rude, elle menace la sécurité des bateaux de pêche et des travailleurs des champs pétrolifères offshore, nombreux dans ce secteur et celle des populations des îles du nord de l'Écosse, isolées par le mauvais temps.

Des commentateurs ont souligné qu'il s'agissait en fait de fausses économies puisque les catastrophes maritimes, comme les autres, coûtaient évidemment plus cher à réparer qu'à éviter. Mais qu'importe au gouvernement britannique s'il peut faire dans l'immédiat quelques économies.

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