Fiscalité : L'inégalité devant l'impôt, reflet de l'inégalité sociale26/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2217.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

Fiscalité : L'inégalité devant l'impôt, reflet de l'inégalité sociale

Trois économistes considérés comme proches du Parti Socialiste, dont le plus connu est Thomas Piketty, viennent de publier un livre de 135 pages intitulé Pour une révolution fiscale, qui dénonce l'inégalité des Français face à l'impôt.

Plus les Français sont riches, constatent-ils, moins ils payent d'impôts. Les 50 % des Français aux revenus les plus modestes doivent en effet acquitter une imposition d'environ 45 % à 50 % en moyenne, en prenant en compte non seulement l'impôt sur le revenu mais aussi la CSG, la TVA et autres cotisations. En revanche, le 0,1 % des plus riches (50 000 adultes), qui gagnent plus de 69 000 euros par mois, ne sont soumis qu'à un taux d'imposition de 30 à 35 %. Selon une étude du Crédit Suisse, signale un des auteurs, la France serait le pays d'Europe qui compte le plus de résidents millionnaires.

Si, au début du 20e siècle, l'impôt sur le revenu avait été lancé, disaient ses promoteurs, dans un souci de réduire les écarts de revenus en taxant les plus riches, il y a bien longtemps que ceux-ci ont réussi à échapper à cet impôt, soit partiellement, soit pour certains quasi totalement, grâce à la multiplication des mécanismes de défiscalisation et des niches fiscales. Résultat : au cours des vingt dernières années, le produit de l'impôt sur le revenu a été divisé par deux de ce fait.

En ce qui concerne le patrimoine national, 10 % des plus riches en concentrent désormais 62 % . En conséquence, 50 % des Français, les plus pauvres, disposent d'un patrimoine moyen, par adulte, de 14 000 euros, tandis que 1 % des plus aisés dispose d'un capital moyen par adulte de 4 368 000 euros. C'est le triomphe de l'inégalité.

Pour tenter de la réduire, les auteurs proposent de fusionner en un seul impôt l'actuel impôt sur le revenu, la CSG, une partie des taxes existantes, le prélèvement libératoire, la prime pour l'emploi et le bouclier fiscal et ainsi d'aboutir à une imposition de 40 % pour les 10 % les plus modestes et de 51 % pour le 1 % des plus riches. En théorie, il s'agirait de ne plus taxer uniquement les salariés mais aussi une partie (une partie seulement !) du capital. Selon leurs calculs, les impôts des 3 % les plus riches augmenteraient et les impôts de 97 % des Français baisseraient. Et, bien sûr, ils souhaitent que le Parti Socialiste inscrive ces propositions dans son programme.

A en juger par l'attitude prise dans le passé par les gouvernements socialistes, qui avaient plutôt allégé l'impôt des riches et alourdi celui des moins nantis, on peut parier que ce n'est pas demain la veille que le capital et les riches seront taxés comme il se doit.

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