Condamnation de Messier : Un PDG escroc, c'est monnaie courante26/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2217.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

Condamnation de Messier : Un PDG escroc, c'est monnaie courante

PDG jusqu'en juillet 2002 de la Générale des eaux devenue Vivendi, Jean-Marie Messier vient d'être condamné par le tribunal correctionnel de Paris à trois ans de prison avec sursis et 150 000 euros d'amendes pour « diffusion d'informations fausses ou trompeuses » sur la santé financière de cette société.

Il devra indemniser quelque deux cents actionnaires à l'origine de la plainte. Le jugement a également reconnu un abus de bien social, en lien avec un parachute doré de 20,5 millions d'euros, qu'il avait finalement abandonné pour faire cesser les poursuites engagées contre lui aux États-Unis.

À la fin des années 1990, la Générale des eaux avait déjà étendu son emprise au traitement des déchets et aux transports en commun. Elle disposait d'un confortable matelas financier, qui reposait sur la rente, constamment revalorisée, que lui payaient depuis des décennies les collectivités locales et les usagers pour le traitement et la distribution de l'eau. Ce matelas financier avait permis à ses dirigeants de satisfaire leur fringale d'achats dans un tout autre secteur, celui des médias et d'Internet, dont les valeurs augmentaient alors de façon spectaculaire. Tandis que France Télécom achetait Orange en Grande-Bretagne, la Générale des eaux, rebaptisée Vivendi, fusionnait avec le groupe canadien Seagram, qui détenait entre autres les droits de production de musique et de cinéma des studios Universal à Hollywood. Les activités spéculatives des dirigeants de Vivendi, dont Jean-Marie Messier, consistait à acheter, à prix d'or, des sociétés. sans pratiquement rien avoir à débourser car les paiements étaient effectués principalement en actions dont la valeur était censée augmenter indéfiniment. Mais quand la « bulle Internet » éclata, les banques commencèrent à exiger des paiements comptants. Les actionnaires de Vivendi, satisfaits de Messier tant que la spéculation jouait à la hausse, se retournèrent alors contre lui. Somme toute, la valeur d'un Messier varie aussi au gré des fluctuations du marché. En juillet 2002, les actionnaires obtinrent son départ et ceux qui n'avaient pas revendu à temps leurs actions multiplièrent les plaintes à son encontre.

Le récent jugement précise qu'en décembre 2000 Messier avait affirmé que la branche média de Vivendi allait être « nette de dette », une déclaration « particulièrement trompeuse » car la dette effective de l'ensemble du groupe se montait à 35 milliards d'euros ! Mais qu'importe, trois mois avant son départ Messier tenait toujours des propos rassurants, demandant aux actionnaires de ne pas s'inquiéter car les sacrifices imposés aux salariés ainsi qu'aux clients ou aux usagers rembourseraient la dette.

Jongler avec la réalité, en un mot bluffer sur la situation réelle afin de modifier les cours des actions, c'est la spéculation. qu'on appelle aussi escroquerie.

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