Albanie : La colère populaire s'exprime26/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2217.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Dans le monde

Albanie : La colère populaire s'exprime

Vendredi 21 janvier, en Albanie, une manifestation a dégénéré en affrontements violents dans la capitale, Tirana. La police a ouvert le feu, faisant des dizaines de blessés et trois morts, devant le siège du gouvernement.

Cette manifestation était organisée par le Parti Socialiste albanais pour réclamer la démission du Premier ministre et la tenue d'élections législatives anticipées. En fait, la crise politique qui éclate aujourd'hui couve depuis plus d'un an. Elle a commencé après les législatives de juin 2009 dont personne même pas l'opposition n'a jamais reconnu les résultats. Le Parti Socialiste d'Albanie est issu du parti stalinien au pouvoir jusqu'en 1992. Il fait aujourd'hui partie de l'Internationale socialiste. Revenu aux affaires en 1997, il est de nouveau dans l'opposition depuis qu'en 2005, le Parti Démocrate l'a remplacé au pouvoir.

Le Premier ministre Sali Berisha, membre du Parti Démocrate, a accusé l'opposition de tentative de coup d'État. Le dirigeant du Parti Socialiste, Edi Rama, maire de Tirana, ayant d'ores et déjà appelé à une nouvelle manifestation pour le vendredi 28 janvier, Sali Berisha a lancé une menace à peine voilée déclarant que Rama prenait sur lui la responsabilité de ce qui pourrait arriver en cas de nouveaux affrontements.

Deux clans rivaux qui se disputent le pouvoir

En fait, du point de vue de la population albanaise, les partis politiques, pour ne pas dire les clans qui s'affrontent, sont les mêmes depuis près de vingt ans, et n'offrent pas de perspectives différentes.

En 1991, le régime pseudo-communiste hérité du dictateur Enver Hodja s'adapta à la situation nouvelle créée par la chute du Mur de Berlin et la dissolution du « bloc de l'Est ». Le multipartisme fut introduit en Albanie. Sali Berisha, déjà lui, ancien membre du Parti Communiste albanais, créa alors le Parti Démocrate. Et depuis vingt ans, c'est une succession sans fin de gouvernements dirigés soit par le Parti Démocrate, soit par le Parti Socialiste.

Un pays pauvre, une population qui lutte

L'Albanie, qui compte un peu plus de trois millions d'habitants, est l'un des pays les plus pauvres d'Europe. En 2009, elle a intégré l'OTAN et posé sa candidature à l'Union européenne, mais celle-ci tergiverse, tant elle redoute l'arrivée massive des Albanais fuyant la misère. Elle leur ferme déjà depuis longtemps ses frontières, ce qui se traduit par le fait que des milliers d'immigrés tentent chaque année de gagner l'Italie ou la Grèce sur des embarcations de fortune.

Mais l'Albanie a connu aussi des grèves, des manifestations étudiantes, des émeutes de la faim, ainsi que le soulèvement populaire de 1997, dont la répression avait fait plus de 2 000 victimes. La colère populaire est certainement vive encore aujourd'hui, et il faut espérer que dans la crise actuelle les travailleurs albanais se trouvent des représentants capables de défendre réellement leurs intérêts, sans servir de force de manoeuvre aux clans qui se partagent le pouvoir.

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