Espagne - ETA : De trêve en trêve, rien n'est résolu19/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2216.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Dans le monde

Espagne - ETA : De trêve en trêve, rien n'est résolu

Lundi 10 janvier 2011, l'organisation séparatiste basque ETA annonçait qu'elle décidait « un cessez-le-feu ferme et de caractère général » et qui « pouvait être vérifié par la communauté internationale » et qu'elle s'engageait sérieusement « en faveur d'un processus devant déboucher sur une solution durable et la fin de la confrontation armée. ».

Semblable à la proposition qu'ETA avait faite au gouvernement il y a trois mois, cette nouvelle proposition a été repoussée par le chef du gouvernement socialiste, José Luis Zapatero. En effet, celui-ci exige toujours qu'ETA rende les armes et disparaisse de la scène politique. Il s'agit de démontrer qu'il est aussi intransigeant que le parti de droite, le Parti Populaire, dans la lutte contre le terrorisme.

Il faut dire que l'approche des élections municipales en Espagne pèse lourdement sur le climat politique. Dans les classes populaires, le mécontentement qu'entraînent ses attaques contre les classes populaires risque de se traduire par une large abstention. Zapatero tente donc de freiner la montée d'une droite dont le cheval de bataille est de fustiger le manque de fermeté des socialistes dans leur lutte contre ETA.

Mais la politique répressive du gouvernement socialiste vis-à-vis des militants séparatistes basques vaut aussi aux socialistes une forte impopularité dans les milieux populaires du Pays basque. Après avoir subi pendant des décennies la répression franquiste, celui-ci n'a jamais cessé d'être en butte à une répression policière qui ne ciblait pas seulement les commandos terroristes d'ETA mais a conduit en prison des milliers de jeunes appartenant à des mouvements séparatistes.

L'ampleur de la manifestation du 8 janvier dernier à Bilbao, qui demandait au gouvernement de faire des pas et d'accepter que les condamnés nationalistes soient rapatriés dans des prisons du Pays basque pour les rapprocher de leur famille, montre que les liens demeurent entre les classes populaires du Pays basque et les courants indépendantistes. Le parti Batasuna, qui a été interdit parce qu'il refusait de condamner ETA, recueille 10 à 15 % des voix aux élections. Ses représentants travaillent sur de nouveaux statuts permettant la légalisation d'un nouveau parti qui serait reconnu par l'Union européenne. Le bras de fer judiciaire qui s'annonce sur cette question décidera si Batasuna se présente aux prochaines municipales sous ses propres couleurs ou s'il choisira comme en 2005 de porter l'étiquette d'un petit parti légal comme le PCTV (Parti Communiste des Terres Basques).

À quelques mois des échéances électorales, toutes ces tensions politiques vont sans doute s'accentuer. Mais cela ne doit pas faire oublier que dans toute l'Espagne, où les grandes régions appelées « autonomies » ont tendance à susciter des replis nationalistes, les mêmes problèmes fondamentaux existent. En Catalogne, au Pays basque, en Andalousie ou en Galice, les classes populaires ont à faire face aux problèmes sociaux posés par la crise et à la volonté des grandes sociétés capitalistes et des financiers de la leur faire payer.

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