Nos lecteurs écrivent : Le budget d'un lycée et ceux qui en profitent22/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2212.gif.445x577_q85_box-0%2C7%2C174%2C233_crop_detail.png

Leur société

Nos lecteurs écrivent : Le budget d'un lycée et ceux qui en profitent

Je suis parent d'élève, élu FCPE au conseil d'administration du lycée Edouard Herriot de l'agglomération troyenne. Lorsqu'on nous a présenté le budget prévisionnel du lycée, j'ai été d'abord surpris de voir les sommes énormes, gérées par la Région, pour ce lycée qui est certes le premier en taille de l'agglomération troyenne.

Plus d'un million d'euros, cela représente la moitié du budget d'une commune de 2 500 habitants de l'Aube. J'ai donc cherché un peu à comprendre d'où venait, et où allait tout cet argent public.

J'ai étudié le document comptable remis par l'intendant. J'ai été estomaqué en découvrant les sommes prévues pour les dépenses de maintenance du chauffage, de l'électricité, des ascenseurs, etc. Ces contrôles sont certes indispensables pour la sécurité collective, mais ce qui m'a choqué, c'est que les entreprises prestataires sont en fait des filiales de grands groupes du CAC 40, dont le but est de dégager des bénéfices pour leurs actionnaires. D'ailleurs, le lycée ne choisit pas les entreprises, car la plupart des contrats sont négociés en groupement, par la Région.

Ainsi, la Région, qui touche des dotations d'État et lève l'impôt, paie des budgets dont une partie va dans les poches d'actionnaires, qui font donc leur beurre avec l'argent du service public !

Il ne s'agit pas de petites sommes. Par exemple, le lycée prévoit un budget de presque 30 000 euros pour le poste budgétaire « contrats sur installations électriques - vérification et maintenance », avec par exemple un contrat de 16 000 euros signé avec l'entreprise Snef, qui est en fait un groupe mondial. Par curiosité, je suis allé voir sur Internet le site de ce groupe. Eh bien, ça va bien pour eux, merci, les actionnaires se sont partagé en 2009 la somme rondelette de 20 millions d'euros de « résultat net attribuable aux actionnaires de la société mère » !

Quant au « contrat de maintenance chaufferie », d'un montant de presque 20 000 euros, il est attribué à l'entreprise Cofathec, dont on peut apprendre qu'elle a fusionné avec Elyo pour créer Cofely, qui n'est autre qu'une filiale du groupe GDF Suez, coté en Bourse !

Des requins profitent ainsi de budgets qui devraient en totalité profiter au service public d'éducation. Pendant ce temps-là, dans ce même lycée, nous avons dénoncé la suppression d'un poste de surveillant, d'un demi-poste d'Atoss, et fait une action en direction du rectorat pour obtenir qu'il y ait un prof en face de chaque classe (il en manquait deux à la rentrée de septembre). Suite à notre action, les postes sont pourvus.

Ces remarques ont provoqué des remous au cours du Conseil d'administration. Manifestement, personne ne s'attendait à ce que les parents mettent leur nez dans les comptes ! L'intendant, offusqué de mes remarques sur les bénéfices des entreprises, s'est exclamé : « Cela crée des emplois ! » Au contraire, dans ce système économique absurde, plus il y a de licenciements, plus il y a du profit pour quelques-uns.

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