Renault technocentre Guyancourt (Yvelines) : Bosse et « laisse tomber la neige » !15/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2211.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans les entreprises

Renault technocentre Guyancourt (Yvelines) : Bosse et « laisse tomber la neige » !

Sur les dix mille personnes qui travaillent au Technocentre Renault de Guyancourt, 2 600 ont été contraintes, du fait des chutes de neige, à passer la nuit du 8 au 9 décembre dans les locaux de l'entreprise.

Question intendance, ce n'était pas le Ritz. Quatre cents repas ont été distribués, en priorité aux femmes enceintes et aux diabétiques ; les deux mille deux cents autres salariés n'ont pu que se ruer sur les restaurants pas trop éloignés et sur la moyenne surface de la ville, rapidement dévalisée.

Beaucoup se sont fiés aux mails envoyés par la direction qui indiquaient « transports perturbés » et ont donc repoussé leur départ en attendant... une hypothétique amélioration. Certains responsables ayant donné la consigne de « partir plus tard », d'autres, en voiture, se sont heurtés à l'énorme bouchon qui bloquait toute la zone géographique de Saint-Quentin-en-Yvelines et n'ont pu que... revenir au Technocentre et y passer la nuit.

Laquelle nuit se déroula sur les moquettes, ou en tentant plutôt mal que bien d'agencer des sièges. Quant à la douche ou au rasoir, il fallut s'en passer. Le lendemain matin, on reconnaissait, à leur visage fripé, les naufragés de la neige. Note un peu surréaliste, un concert fut improvisé peu avant minuit par des musiciens, venus le midi pour une animation organisée par le Comité d'entreprise, et bloqués eux aussi dans les locaux.

Toutes sortes de bruits ont circulé. Certains se sont entendu dire qu'il n'y avait plus de trains sur la ligne du RER. D'autres, sportifs ou courageux, faisant judicieusement le calcul inverse, se sont aventurés à pied jusqu'à une gare, la marche dans la neige pouvant durer de 45 minutes à une heure trente ! Les bus, seul moyen de transport collectif qui relie le Technocentre, construit en plein champ, à la « civilisation » et notamment à la gare, étaient évidemment bloqués par les intempéries.

Un employé a mis onze heures pour rejoindre en voiture son domicile en grande banlieue Est, soit à l'opposé de son lieu de travail. Comme beaucoup, il a rongé son frein en méditant sur l'incapacité de la direction à prendre à temps la décision de libérer tout le monde en début d'après-midi, avant le blocage total du trafic. Elle a certes autorisé - c'est bien le moins - tous ceux qui avaient passé la nuit-là à quitter le travail à midi. Ils ne devaient d'ailleurs pas être très efficaces de son point de vue...

Cet épisode démontre l'absurdité du raisonnement des capitalistes qui, dans ce département en grande partie rural, a abouti à rassembler des milliers de travailleurs loin de tout, sans prévoir de dessertes en transports collectifs fiables par tous les temps. En ce qui concerne l'organisation de la recherche du profit maximum, notamment en pressurant les travailleurs, les patrons s'y connaissent. Pour l'organisation de la vie sociale, en particulier s'il neige comme c'est prévisible en hiver, c'est en dessous de zéro.

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