Hébergements d'urgence : L'infamie de quelques préfets... et de cette société01/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2209.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

Hébergements d'urgence : L'infamie de quelques préfets... et de cette société

Avec l'hiver et le froid, le sinistre décompte du nombre des sans-abri retrouvés sans vie après une nuit glaciale a repris. Cette année, des préfectures ont ajouté un cran à l'indignité de la situation quand, pour pallier le manque de places dans les centres d'hébergement d'urgence, elles ont donné la consigne d'en refuser l'accès aux étrangers sans papiers.

C'est Libération qui, le 29 novembre, a révélé les faits. Le journal publie l'extrait d'un courriel émanant de la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) du Calvados demandant aux associations chargées de l'accueil des sans-domicile de ne plus prendre en charge les étrangers déboutés de la demande d'asile et leur rappelant : « Lors de la réunion tenue en préfecture le 16 juillet, la DDCS avait clairement annoncé que les déboutés ne seraient plus pris en charge dans le dispositif d'hébergement. » Dans le département du Haut-Rhin, c'est un document officiel adressé au Samu social qui lui enjoint d'opérer une sélection parmi les démunis en stipulant : « Les familles demandeurs d'asile pourront n'être accueillies que sous réserve de ne pas dépasser un plafond. »

Cette forfaiture rendue publique, le secrétaire d'État au Logement Benoist Apparu a juré ses grands dieux qu'aucune consigne en ce sens n'avait été donnée par le gouvernement. Et de citer Sarkozy qui déclarait en octobre 2007, à l'occasion d'une journée du refus de la misère : « Quand quelqu'un est à la rue, qu'il est dans une situation d'urgence et de détresse, on ne va tout de même pas lui demander ses papiers. Dans les centres d'urgence, on doit accueillir tout le monde. » Mais, trois ans plus tard, preuve est faite s'il en fallait une qu'il ne s'agissait que de propos de bonimenteur.

Les associations qui viennent en aide aux sans-abri dénoncent dans le budget 2011 une diminution de 2 % du budget alloué à l'hébergement d'urgence et de 47 % des crédits alloués aux équipes mobiles qui vont à la rencontre des sans-abri. Les places d'hébergement sont insuffisantes. Rien qu'à Paris, alors que ces associations évaluent à 13 000 le nombre de places nécessaires, il n'y en a que 8 000. Et cela ne va pas s'améliorer. Chaque jour, de nouveaux chômeurs ainsi que de nouveaux « travailleurs pauvres » viennent grossir les rangs de ceux qui n'ont pas de toit.

C'est le résultat d'une politique gouvernementale et patronale qui aboutit à enrichir les plus riches et qui se refuse à dépenser un sou de plus quand il s'agit d'empêcher les pauvres de dormir dehors.

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