Dans une interview au journal Le Monde, le PDG des laboratoires Servier, le fabricant du Mediator, un médicament retiré du marché en novembre 2009 en raison d'effets secondaires cardiaques graves, s'est étonné : « C'est à se demander si cette affaire est une fabrication », a-t-il dit, ajoutant : « Il y a peut-être l'idée d'embêter le gouvernement. » Et à la question de savoir si les délégués médicaux de son laboratoire n'auraient pas recommandé le Mediator dans une autre indication aux médecins que l'indication légale, il a répondu : « Jamais. Nos visiteurs médicaux tiennent à être reçus correctement par les médecins. Ils tiennent à leur réputation. Nous ne sommes pas une maison financière. »

Pourtant ce sont bien les autorités de santé françaises elles-mêmes qui donnent le chiffre de 500 personnes décédées du fait du Mediator et de plus de 3 500 hospitalisées pour des lésions des valves cardiaques. Et l'Isoméride, un autre médicament des laboratoires Servier, de la même famille chimique que le Mediator, avait déjà été mis en cause et retiré du marché depuis 1997.

Alors parler d'une « fabrication » pour la mise en cause du Mediator, il faut oser le faire. Comme d'essayer de nous faire croire que les laboratoires pharmaceutiques, dont Servier, second laboratoire français après Sanofi Aventis, ne sont pas aussi des « maisons financières ». Car dans industrie pharmaceutique, il y a industrie et... donc recherche du maximum de profit.