Italie : L'occupation d'une grue à Brescia. Les travailleurs immigrés en lutte contre les discriminations24/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2208.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C240%2C323_crop_detail.png

Dans le monde

Italie : L'occupation d'une grue à Brescia. Les travailleurs immigrés en lutte contre les discriminations

« L'État n'accepte pas le chantage » et « la loi doit être appliquée » : c'est tout ce qu'a trouvé à répondre Maroni, le ministre de l'Intérieur, aux travailleurs immigrés qui pendant dix-sept jours ont protesté du haut d'une grue de chantier de la ville de Brescia, dans la région milanaise. Ils s'étaient installés là pour réclamer leur régularisation, subissant la pluie, le vent, le froid et surtout le risque de tomber de 35 mètres de hauteur, après que la police a fait évacuer leur campement installé devant la préfecture.

En fait de chantage, ce sont d'abord les travailleurs immigrés qui y sont soumis par la loi italienne, une loi injuste et discriminatoire due aux amis de Maroni, c'est-à-dire en particulier à la Ligue du Nord. Elle est due aussi, outre bien sûr Berlusconi, aux hommes de l'ex-Alliance Nationale de Gianfranco Fini, avec qui aujourd'hui la Ligue du Nord se déchire, ce qui vaut encore à cette loi le nom de Bossi-Fini.

Un des résultats de la loi, en multipliant les obstacles à la régularisation de la situation des travailleurs immigrés, est d'en faire des travailleurs clandestins, soumis par conséquent à toutes les pressions et à tous les chantages possibles. C'est bien contre cela que protestaient les travailleurs immigrés de Brescia. Entre autres, ils se plaignaient d'avoir payé de fortes sommes pour leur demande de régularisation: la procédure elle-même coûte 500 euros, auxquels s'ajoute la régularisation des contributions sociales que devrait payer l'employeur, mais que celui-ci leur fait payer. Encore ce paiement ne garantit-il en rien la régularisation, un grand nombre de demandes étant rejetées ou restant sans réponse.

Cette occupation spectaculaire a entraîné des manifestations de solidarité qui ont dû affronter les charges de la police, et qui sont restées malheureusement insuffisantes pour faire reculer le pouvoir. Face à la protestation des immigrés, les autorités locales, qui appartiennent à la Ligue du Nord de même que le ministre de l'Intérieur, tenaient à afficher leur fermeté et même à faire un exemple. Après leur descente de la grue, exténués et choqués, les protestataires ont été arrêtés et certains immédiatement expulsés.

Ainsi, des femmes et des hommes qui vivent et travaillent dans le pays, parfois depuis des années, sont soumis à un régime discriminatoire qui leur interdit de parvenir à une situation régulière et les oblige à rester dans la clandestinité. Faire cesser cette situation indigne serait l'intérêt de tous les travailleurs, immigrés mais aussi italiens ; ils ne peuvent accepter qu'en leur sein certains aient moins de droits que les autres et soient soumis à tout moment à la menace de l'expulsion, et donc à tous les chantages des patrons et des diverses mafias.

L'affaire n'est pas terminée. Après que les occupants de la grue de Brescia ont été contraints d'en descendre, d'autres continuaient à occuper une tour, à Milan cette fois. Nul doute que les protestations continueront, car les travailleurs immigrés acceptent de moins en moins la situation indigne qui leur est faite en Italie. La lutte pour l'abrogation de toute législation discriminatoire, à commencer par la loi Bossi-Fini, continue.

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