Irlande, contrecoups d'un « sauvetage » : Crise politique et austérité24/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2208.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C240%2C323_crop_detail.png

Dans le monde

Irlande, contrecoups d'un « sauvetage » : Crise politique et austérité

La coalition au pouvoir du parti nationaliste Fianna Fail et des Verts, en Irlande, n'aura pas survécu à la décision du Premier ministre Brian Cowen de souscrire au prêt imposé à l'Irlande par les banques internationales. Les Verts qui, se sentant le vent en poupe, voulaient de nouvelles élections, ont profité de la situation pour partir en claquant la porte, entraînant la démission de Cowen et des élections en janvier.

Néanmoins, Cowen ne partira vraiment qu'à la fin décembre, après l'adoption du budget prévue au début de ce mois - ce sur quoi Cowen a obtenu l'assentiment du principal parti d'opposition, le Fine Gael, tout aussi partisan que Cowen d'imposer un tour de vis brutal à la population laborieuse.

Car c'est exactement ce que devait déjà être le budget de décembre. Annoncé à la fin septembre, à la suite des nouveaux craquements apparus dans le système bancaire au cours de l'année, ce budget devait être le troisième plan d'austérité imposé à la population depuis 2008.

Moins de deux mois plus tard, prenant prétexte du sauvetage en octobre de la première banque irlandaise, Allied Irish, et du prêt international imposé à l'Irlande, Brian Cowen vient de durcir ce plan. Les objectifs de réduction des dépenses à l'horizon 2014 sont pratiquement doublés et une plus grande part de ces objectifs devra être atteinte dès la première année, en particulier en matière de suppressions d'emplois publics. Ainsi par exemple, 5 000 emplois doivent être supprimés dans la santé d'ici la fin de l'année, ce qui équivaudrait à 70 000 postes en France, proportionnellement à la taille du pays.

Parmi les mesures déjà prévues figuraient une baisse moyenne de 11 % sur l'ensemble des allocations sociales - mais une baisse de 5 % sera appliquée dès la première année - et l'extension aux anciens retraités du secteur public d'un impôt exceptionnel auxquels sont déjà assujettis les nouveaux retraités. À cela viennent maintenant s'ajouter une baisse de 11 % du salaire minimum (qui n'a pourtant pas grand-chose à voir avec l'endettement de l'État!), une taxe exceptionnelle de 100 euros par an payable par chaque foyer indépendamment de son revenu et une augmentation de la fiscalité qui devrait voir la proportion des foyers assujettis à l'impôt sur le revenu passer d'un peu plus de 40 % à plus de 50 %.

Pour faire bonne mesure, un certain nombre d'organisations patronales ont le culot de vouloir se servir du plan de sauvetage international pour exiger le droit de réduire leurs coûts, à l'instar du gouvernement. Ainsi, la fédération patronale des entreprises d'électricité vient de présenter aux syndicats un projet de réduction de 10 % sur l'ensemble des salaires de la profession !

En bref, la bourgeoisie irlandaise s'apprête à allonger une nouvelle fois la note qu'elle entend faire payer à la classe ouvrière, pour satisfaire aux exigences de la finance internationale et à son propre appétit de profits.

Dans plusieurs villes du pays, des manifestations ont déjà accueilli ces menaces, et une journée nationale d'action est prévue pour le 27 novembre par l'ensemble des syndicats. Compte tenu des réactions passées de la classe ouvrière irlandaise, il n'est peut-être pas dit que ces attaques passent aussi facilement que l'espèrent les politiciens irlandais et leurs amis banquiers.

Partager