Crise immobilière : Les ratés de la machine à expulser03/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2205.gif.445x577_q85_box-0%2C7%2C174%2C233_crop_detail.png

Leur société

Crise immobilière : Les ratés de la machine à expulser

L'explosion de la « bulle immobilière », qui avait été il y a deux ans le facteur déclenchant de la crise financière mondiale, continue à faire des dégâts aux États-Unis.

Des centaines de milliers de familles ont été expulsées d'un logement dont elles ne pouvaient plus payer les traites. Le nombre d'expulsions quotidiennes continue à augmenter, les spécialistes prévoyant que cela durera encore au moins un an. Des quartiers populaires sont ainsi vidés de leurs habitants, les maisons laissées à l'abandon faute de nouveaux acquéreurs.

Les commanditaires de ces expulsions sont les grands organismes financiers qui possèdent des créances sur ces logements et préfèrent récupérer immédiatement un petit quelque chose de tangible plutôt que conserver du papier pourri dans leur comptabilité. Et, les banques étant pressées, elles font expulser à tour de bras. Si vite que les services publics spécialisés dans le contrôle des titres de propriété n'ont pas le temps de vérifier les dossiers, que les juges signent les arrêtés d'expulsion sans les lire. Des organismes se préoccupant peu des formes légales se sont même créés pour accélérer les saisies. Tant et si bien que des dizaines, peut-être des centaines de milliers de personnes se retrouvent à la rue alors qu'il n'y a aucun fondement légal à leur expulsion. Le cas le plus fréquemment évoqué est celui d'un organisme financier qui demande et obtient une saisie, alors qu'il est incapable de prouver qu'il détient une hypothèque sur le logement.

Ce sont les banquiers eux-mêmes qui ont compliqué, multiplié, regroupé, redistribué les titres de propriété et les hypothèques. Cela faisait partie du jeu de multiplication des petits pains avec lequel ils ont fait fortune... jusqu'au krach. C'est pourquoi il est bien difficile aujourd'hui de savoir qui possède réellement l'hypothèque sur un logement donné, le titre ayant pu être échangé des dizaines de fois entre des dizaines de spéculateurs. Mais, collectivement, les banquiers ont intérêt à détruire ces titres, quitte pour cela à détruire la vie des gens.

Sauf que l'injustice du procédé et son illégalité, au regard même des lois américaines défendant la propriété privée, commencent à poser un tel problème que, sous la pression de l'opinion publique, les principales banques ont dû suspendre les saisies immobilières, et donc les expulsions, dans un certain nombre d'États ou de localités, le temps d'y voir plus clair.

Tant mieux si des familles trouvent ainsi un répit. Tant mieux aussi si d'autres trouvent les moyens légaux de réintégrer leur logement. Mais on n'y verra vraiment clair que le jour où ce seront les banquiers qui seront expulsés et où la vie des gens ne dépendra plus des spéculations des capitalistes.

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