Aide médicale d'État : Sans-papiers, demain sans droit aux soins ?03/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2205.gif.445x577_q85_box-0%2C7%2C174%2C233_crop_detail.png

Leur société

Aide médicale d'État : Sans-papiers, demain sans droit aux soins ?

À l'occasion de l'examen du projet de loi de finance pour 2011, des députés UMP limitent l'accès des étrangers sans papiers aux soins médicaux essayant même de les supprimer, ce qui est bien sûr inhumain pour les malades et néfaste pour la santé de toute la population, car virus et bactéries se moquent bien de savoir qui a des papiers en règle ou pas, et chaque malade non soigné, ou soigné trop tardivement, constitue un risque pour toute la population.

Pour des raisons de santé publique, la Couverture maladie universelle (CMU) permet à quatre millions de personnes très pauvres et dépourvues d'assurance maladie d'accéder aux soins gratuitement, mais cette couverture n'est pas « universelle » pour tous, les étrangers en situation irrégulière ou dépourvus de revenus n'y ont pas droit. Cependant, un dispositif financé par l'État, l'Aide médicale d'État (AME) permet à ces exclus, sous certaines conditions à justifier, d'accéder gratuitement à certains soins. L'an dernier, 216 000 personnes ont pu se faire soigner grâce à l'AME pour un coût de 543 millions d'euros.

Comme pour toutes les prestations sociales, des députés de l'UMP estiment cette dépense excessive. Colportant des rumeurs débiles prétendant que des étrangers profitent de l'AME pour réaliser des opérations de chirurgie esthétique ou des fécondations in vitro, ils essayent de limiter par la loi l'accès à l'AME et ont déposé des amendements restrictifs. Par exemple, avec l'accord de Roselyne Bachelot, ils viennent de faire voter par l'Assemblée l'instauration d'un forfait de 30 euros par an pour entrer à l'AME. Quand on sait que pour bénéficier de l'AME les revenus mensuel ne doivent pas dépasser 634 euros, beaucoup de personnes concernées repousseront cette dépense, renonçant par là-même aux examens et soins préventifs. Leur éventuelle maladie aggravée sera alors traitée aux urgences et en hospitalisation.

D'autres amendements ont été avancés mais pas votés pour le moment : que le droit à l'AME soit limité à trois mois, au lieu d'une année actuellement, alors qu'il faut souvent trois mois pour s'y inscrire. Ou, plus cynique, que les inscrits à l'AME ne soient plus gérés par les caisses d'Assurance maladie mais par les préfectures. Là où des policiers organisent des souricières pour arrêter des sans-papiers ! Et le tout sans oublier la loi d'Éric Besson, qui veut limiter au maximum le droit d'asile et de séjour pour raison médicale. Ce triste personnage rêve peut-être d'augmenter ses chiffres d'expulsés en comptabilisant aussi les cercueils ?

Ces restrictions au droit à la santé pour tous doivent être combattues. Les sans-papiers doivent être régularisés pour avoir les mêmes droits que tous les salariés et les mêmes droits aux soins que toute la population.

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