SNCF-RATP : Là aussi, des retraites dégradées13/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une-2202.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans les entreprises

SNCF-RATP : Là aussi, des retraites dégradées

Dès l'annonce que des préavis de grève reconductible avaient été déposés à la RATP et à la SNCF, de nombreux politiciens de droite, et autres commentateurs du même bord, se sont empressés d'affirmer que les travailleurs de ces secteurs étaient des privilégiés, concernant leur système de retraite, et qu'en conséquence il n'y avait aucune raison qu'ils se mettent en grève, a fortiori reconductible.

La réalité est évidemment tout autre, et si les cheminots et les agents de la RATP ont encore quelques avantages par rapport à d'autres travailleurs, les conditions d'attribution de leurs retraites se dégradent, ce qui justifie pleinement leur mobilisation. Avant 2007, et grâce en particulier aux grèves dans la Fonction publique de 1995, le régime des retraites était plus favorable que pour ceux du privé ayant dû subir la réforme Balladur. Il fallait 37,5 annuités maximum pour avoir une retraite complète et les agents de conduite (SNCF) ou conducteurs (RATP) pouvaient partir à 50 ans dès lors qu'ils avaient vingt-cinq ans de service, dont quinze ans de conduite. Pour les sédentaires le temps de cotisation était plus long.

Mais depuis les grèves perdues de 2007, la situation s'est fortement dégradée.

À la RATP, tout agent entré depuis le 1er janvier 2009 doit avoir 40 annuités pour bénéficier d'un taux plein pour la retraite. N'est maintenue que la base de calcul de la pension sur les six derniers mois d'activité (idem à la SNCF). Mais jusqu'à quand ? Toute augmentation nouvelle d'annuités imposée au régime général s'applique à la régie. Depuis juillet 2010, il faut 154 trimestres, pour obtenir une pension à taux plein. Et régulièrement le nombre de trimestres augmente. Le 1er décembre 2012, il faudra 160 trimestres, soit 40 ans. Le 1er juillet 2016, ce sera 164 trimestres et 165 trimestres en 2017. Plus concrètement, si un conducteur de bus rentré à 21 ans, âge minimum requis pour un machiniste, veut partir à taux plein avec 41 annuités, il ne pourra pas partir avant 62 ans. À tout cela s'ajoute un système de décote si un agent veut partir sans avoir (ou sans pouvoir avoir) les annuités requises.

À la SNCF, la réforme s'est appliquée à partir de 2008. Les agents de conduite peuvent toujours partir à 50 ans et les sédentaires à 55 ans, mais avec une décote : ils perdent 5 % par année manquante avec un plafond de décote à 12,5 %. Quant aux années de cotisation nécessaires pour partir avec une retraite à taux plein, elles passeront progressivement de 37,5 ans à 41 ans (164 trimestres), à raison d'un trimestre supplémentaire tous les six mois. Par ailleurs, la part salariale des cotisations retraite qui est aujourd'hui de 7,85 % contre 10,55 % dans le secteur privé s'alignerait progressivement sur le régime général, à raison de 0,27 point supplémentaire chaque année, jusqu'en 2027. Et pour prendre un exemple concret : un cheminot sédentaire (ils sont les plus nombreux) parti il y a quatre ans à la retraite après 34 ans de travail, dont 13 ans en équipe trois fois huit heures sur un triage comme aiguilleur et vérificateur des trains, c'est-à-dire sur les voies de jour comme de nuit, par tous les temps, puis qui a travaillé en équipe deux fois huit heures en gare, a une retraite de 1450 euros. Et rien d'autre puisqu'il n'existe pas de retraite complémentaire à la SNCF.

Alors, sont-ils privilégiés les cheminots et les agents de la RATP ?

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