Mineurs chiliens : Un accident qui ne doit rien au hasard01/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2196.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mineurs chiliens : Un accident qui ne doit rien au hasard

La femme d'un des mineurs chiliens coincés au fond du puits de San José a porté plainte contre les propriétaires de la mine et contre le Service national de géologie et des mines, le Sernageomin, pour manquement à la sécurité.

Cette mine d'or et de cuivre a en effet été fermée en 2007 après un accident qui a causé la mort d'un employé. Puis elle a rouvert en 2008 et, déjà début 2010, un mineur a été blessé à la jambe. La plaignante accuse les propriétaires d'avoir obtenu l'autorisation de réouverture de façon irrégulière. C'est ce que semble confirmer la déclaration d'un ancien directeur du Sernageomin, pour qui ce site n'aurait jamais dû rouvrir car l'accident de 2007 avait « modifié radicalement » les conditions géologiques.

Le groupe San Esteban, propriétaire de la mine, nie bien sûr toute responsabilité dans cette catastrophe « imprévisible » sur un site qui, selon lui, « fonctionnait dans les normes ». Il a annoncé qu'il n'était pas sûr de pouvoir payer les salaires et qu'il pourrait se mettre en faillite, car sa compagnie est « petite, moyenne » et ne possède que ce gisement. Mais les mineurs de San José disaient que la mine « pleurait beaucoup », pour évoquer les fréquents éboulements. Après l'accident du 5 août, les rescapés ont couru vers une cheminée de secours, et c'est l'absence d'échelle qui les a obligés à rester au fond, avant d'être finalement totalement bloqués par un deuxième éboulement.

D'après les témoignages de mineurs travaillant dans d'autres mines « petites » ou « moyennes » du même style, c'est justement là que les conditions de travail sont les pires et l'insécurité la plus flagrante, ce que n'ignorent sûrement pas les services gouvernementaux qui achètent les minerais à ces sociétés privées.

Les dénégations des propriétaires de San José n'ont convaincu personne et un magistrat, saisi par vingt-six familles de mineurs bloqués au fond du puits, a ordonné le gel de 1,8 million de dollars (1,4 million d'euros) qui devaient revenir aux propriétaires pour la vente de cuivre à l'État chilien. Ce sera une compensation financière, indispensable mais bien faible eu égard aux risques que prennent tous les jours ceux qui descendent sous terre pour les profits de margoulins petits ou gros, et parfois s'y retrouvent pris au piège.

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