Logement étudiant : Arnaques privées et hypocrisie gouvernementale01/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2196.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Logement étudiant : Arnaques privées et hypocrisie gouvernementale

Un rapport de la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF), dont des éléments ont été rendus publics par le journal Le Parisien du 30 août 2010, épingle les entreprises qui louent des logements meublés aux étudiants : clauses illégales dans les contrats, publicité mensongère, logements qui ne correspondent pas aux descriptions, avance conservée sans raison, interdiction d'héberger des amis, etc. « Nous n'avons pas trouvé un seul contrat ne comportant pas au moins une anomalie », affirme au Parisien un spécialiste de la DGCCRF.

Et il ne s'agit pas de petits margoulins agissant dans leur coin : les deux plus grandes entreprises du secteur, Lamy Résidence (Studéa) et Réside Étude (les Estudantines), qui gèrent à elles deux plus de 200 résidences, ont été prises la main dans le sac. De plus, dans l'essentiel des villes universitaires, ces locations meublées pour étudiants sont de 50 % à 100 % plus chères qu'un studio non meublé de la même surface sur le marché ordinaire.

Le rapport de la DGCCRF aurait même « choqué » le secrétaire d'État à la Consommation, Hervé Novelli, qui a annoncé dans la presse qu'il avait lancé pour la rentrée « une vague de contrôles renforcés », et n'excluait pas de « réfléchir à des sanctions ». On va voir ce qu'on va voir !

Cette indignation du ministre comporte une bonne dose d'hypocrisie. Si tant d'étudiants sont obligés de se tourner vers ces marchands de sommeil légaux, c'est que le nombre de places en cité universitaire est complètement insuffisant : il y a 160 000 places pour 2,2 millions d'étudiants, or plus de 50 % d'entre eux ne vivent pas dans leur famille. En Ile-de-France, il y a 17 000 places pour 600 000 étudiants !

En 2004, le gouvernement s'était donné le bien modeste objectif de loger un étudiant sur dix dans les cités universitaires en 2014, ce qui nécessiterait la construction de 60 000 chambres. Le problème resterait entier même si ce plan était entièrement réalisé, or c'est bien loin d'être le cas : moins de 13 000 logements étudiants ont été construits ou acquis par les Crous depuis 2004, moins d'un tiers de ce qui aurait dû être construit en 2010. La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a beau se féliciter que 5 000 logements seraient construits cette année, on est bien loin du compte.

Les étudiants ont affaire au même problème que toutes les autres catégories de la population pour se loger. L'État refuse de mettre en chantier le grand nombre de logements corrects à loyer abordable qui seraient pourtant nécessaires. En plus, cela ferait baisser les loyers pour toute la population, tout en luttant contre le chômage.

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