États-Unis : Cinq ans après l'ouragan Katrina, qu'est-ce qui a été reconstruit ?01/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2196.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Cinq ans après l'ouragan Katrina, qu'est-ce qui a été reconstruit ?

À cette occasion, nous publions deux articles parus dans le journal trotskyste américain The Spark daté du 30 août.

Le maire de la Nouvelle-Orléans, Mitch Landrieu, a été pris à partie sur cette question lors d'une réunion de quartier. Les habitants lui demandaient pourquoi il leur fallait toujours faire des kilomètres en dehors de leur quartier pour trouver une épicerie, un médecin ou un hôpital. Le maire a répondu qu'« on avait promis aux habitants plus que ce qu'on pouvait faire financièrement ».

Quel mensonge ! Des sommes considérables ont été dépensées en vertu du Gulf Opportunity Zone Act de 2005. Mais elles n'ont pas été consacrées à la reconstruction des quartiers les plus durement touchés, comme le Lower Ninth Ward (un quartier populaire de la Nouvelle-Orléans).

En revanche, l'argent prévu pour la reconstruction a été abondamment versé aux compagnies pétrolières dans le golfe du Mexique. Marathon Oil a obtenu un milliard de dollars pour l'extension d'une raffinerie et 120 millions pour un équipement de stockage en mer. ExxonMobil a obtenu 375 millions pour rénover une raffinerie et une usine chimique à Baton Rouge (également en Louisiane). De l'argent est également allé à des entreprises de construction de plates-formes pétrolières et d'oléoducs.

De l'argent est allé à des promoteurs immobiliers qui ont construit des résidences de luxe près du stade de football de l'université d'Alabama, ou aux propriétaires de luxueuses résidences de bord de mer au Mississipi.

Si on y ajoute tous les emprunts publics non imposables, les crédits d'impôts et autres avantages consentis aux grandes entreprises à travers la Louisiane, l'Alabama et le Mississipi, l'ensemble des aides fédérales à la suite du désastre est énorme.

Alors, comment le maire Landrieu ose-t-il dire aux gens de la Nouvelle-Orléans qu'il n'y a pas d'argent ? Des dizaines de milliards de dollars ont été distribués. C'est seulement quand le quartier qui en a besoin est un quartier ouvrier - et en particulier s'il est noir et pauvre - que les responsables trouvent qu'il n'y a « pas d'argent ».

LA VRAIE VIOLENCE DE L'APRES-KATRINA REVELEE

Cinq ans après Katrina, la vérité émerge enfin sur les violences qui se sont produites à la Nouvelle-Orléans, des violences qui avaient donné lieu à d'abondants commentaires et rumeurs dans les jours qui avaient suivi l'ouragan. Au bout de cinq ans, les premières poursuites sont enfin engagées contre les véritables gangsters qui ont tué des innocents cherchant à survivre à l'énorme inondation.

Il s'avère que tous ceux qui ont été impliqués dans les tirs d'arme à feu sont des vigiles blancs ou des policiers. En dépit de toutes les rumeurs répandues alors sur les « pillards » noirs et les « gangs noirs de maraudeurs » se livrant à des crimes inqualifiables, c'étaient des gangs de Blancs, officiels et officieux, qui tiraient et tuaient.

Et s'ils le firent, c'est parce que les autorités, comme le maire de la Nouvelle-Orléans Ray Nagin et le gouverneur de Louisiane Kathleen Blanco, au lieu d'organiser les opérations de secours, ont lancé ces gangs de tueurs et les ont autorisés à tirer sur les « suspects de pillage ». Cela dans une ville où à aucun niveau - que ce soit local, étatique ou fédéral - les autorités n'ont fourni de nourriture ou d'eau à ceux qui étaient sinistrés, en sorte que le seul endroit où les gens pouvaient obtenir ce dont ils avaient besoin était des commerces barricadés à l'aide de planches.

Il a fallu cinq ans avant les premières inculpations, parce que les autorités ont dissimulé les informations dont elles disposaient sur les tueries. Si des poursuites sont aujourd'hui enfin engagées, c'est parce que la presse, à commencer par la presse de gauche, des médias noirs, puis l'hebdomadaire de gauche The Nation, ont mis en évidence ces tirs et ces meurtres. Ce n'est que récemment que la grande presse bourgeoise comme le New York Times a admis ce que la population de la Nouvelle-Orléans savait depuis le début : les auteurs des tueries étaient des Blancs racistes, qui avaient reçu l'accord tacite des autorités comme Nagin et Blanco. Ils ont tiré sur des gens qui avaient tout perdu dans les inondations et qui cherchaient à survivre, parce que les digues protégeant la ville n'étaient pas construites correctement et que le gouvernement n'avait pas organisé l'évacuation de la ville, pourtant indispensable.

Dans une société raciste comme la nôtre, il n'est pas surprenant que les premières rumeurs hystériques qui ont suivi Katrina mettaient en cause une prétendue violence de Noirs, alors que ce qui se passait en réalité était une violence de Blancs - une violence bien plus grande que ce que nous saurons jamais. Bien que les premières enquêtes montrent qu'au moins onze personnes ont été tuées, personne n'a la moindre idée du nombre de ceux qui ont simplement disparu au milieu des destructions massives que les gens de la Nouvelle-Orléans ont subies.

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