Les Roms, traités comme moins européens que d'autres25/08/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/08/une2195.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les Roms, traités comme moins européens que d'autres

Deux vagues de « retours volontaires » - selon le mot cynique d'Éric Besson - ont successivement, les 19 et 20 août, expulsé du pays 86 puis 130 Roms, en direction de la Roumanie, leur pays d'origine. Un nouveau vol devait être affrété le 26 août, concernant cent soixante autres personnes.

Prétextant les 300 euros « d'aide humanitaire » versés à chaque adulte et l'absence « de policiers pour les accompagner », le ministre de l'Immigration ose justifier ces déportations dans un pays dont ces pauvres gens ont fui la misère et la discrimination à laquelle ils se heurtent... pour retrouver semblable situation en France.

Ressortissants roumains ou bulgares, les quelque 12 000 Roms qui se trouvent en France sont donc citoyens européens depuis début 2007, date d'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'Union européenne. À ce titre, ils devraient pouvoir, en principe, comme tout Européen, passer librement les frontières à l'intérieur de l'Europe, s'installer et travailler dans un autre pays de « l'espace Schengen ».

Mais cette Europe péniblement constituée, de traité en traité, depuis plus de cinquante ans n'est pas un espace de liberté, même au sens restreint du franchissement de ces pointillés artificiels que sont les frontières des États.

Cette Europe est celle des possédants, libres de faire fructifier leurs capitaux dans n'importe quel pays, mais qui dénie aux pauvres le droit de tenter d'y gagner leur vie et celle de leur famille.

Cette Europe, antérieurement si bien nommée Marché commun, est celle des marchands, prompte à réglementer à tort et à travers quand il s'agit de la circulation des marchandises, perméable autant qu'il se peut à celle des capitaux, mais où les êtres humains, surtout les pauvres, sont susceptibles d'être rejetés au gré des lubies politiques d'un gouvernement ou d'un autre.

En l'occurrence, les Roms roumains ou bulgares sont comme leurs compatriotes, depuis 2007 et jusqu'à 2012 ou 2014, toujours soumis à un « régime transitoire » qui rend possibles tous les mauvais coups. Obligés en principe de disposer d'un minimum de 500 euros à leur entrée en France, il leur faut rapidement trouver un emploi et, pour cela, détenir une autorisation de travail demandée par l'éventuel employeur tenu, de surcroît, d'acquitter une taxe importante auprès de l'OFII, l'Office français de l'immigration et de l'intégration.

Trouver un emploi déclaré relève donc, dans ces conditions et en cette période de chômage, de la gageure ! Quant à trouver un logement, cela n'est pour ces familles même pas envisageable...

Mais les obstacles actuels à la présence des Roms en France ne suffisent pas à Besson, puisque rien n'empêche légalement les expulsés de revenir un jour. Au mépris de la législation européenne, Besson entend donc déposer un projet de loi qui interdirait aux Roms expulsés de remettre les pieds en France.

Quand on a commencé à se vautrer dans l'ignominie, pourquoi s'arrêter ?

Partager