Le film Cleveland contre Wall Street : Sur la guerre des riches contre les pauvres aux États-Unis25/08/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/08/une2195.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Le film Cleveland contre Wall Street : Sur la guerre des riches contre les pauvres aux États-Unis

Ce film poignant, qui vient de sortir en France, est le procès fictif avec les protagonistes bien réels du drame qu'ont connu et que connaissent encore les habitants des quartiers populaires de Cleveland, cette grande ville des États-Unis, sinistrée à la suite de la crise immobilière et financière dite des « subprimes ».

Cleveland, avec ses 600 000 habitants, a vu 20 000 familles, soit 100 000 habitants, des quartiers populaires expulsées de leur maison depuis 2007, parce qu'elles ne pouvaient plus payer les intérêts usuraires des prêts hypothécaires, les « subprimes », qu'on leur avait fait signer. Comme elles, des millions de personnes ont connu le même sort dans tout le pays.

La ville de Cleveland, elle, a décidé de faire un procès à Wall Street et aux banques responsables de ce désastre pour réclamer justice. Un documentariste suisse était venu pour filmer ce procès. Les avocats des banques ont réussi jusqu'à aujourd'hui, par de multiples manouvres procédurières, à empêcher la tenue de celui-ci. Alors le documentariste, avec l'accord de la ville et tous les protagonistes, habitants, juge, avocats, ceux de la ville d'un côté et des banques de l'autre, a filmé ce procès dit fictif. Chacun, banques comme pauvres gens, y défend son point de vue, comme il aurait dû le faire dans le procès que tous attendaient.

Sans emphase, avec des mots simples, les habitants de ces quartiers expliquent la machine infernale qui a abouti à les faire expulser de la maison qu'ils habitaient parfois depuis plus de vingt ans. Ce n'est pas de la fiction, c'est la réalité insupportable. Mais il y a aussi l'adjoint du shérif qui faisait partie de la brigade spécialisée dans les expulsions qui témoigne qu'il a dû arrêter son « job » le jour où il a été obligé de mettre à la rue une vieille dame de 86 ans ; ou encore ce courtier qui explique comment on lui demandait de harceler les habitants des quartiers pauvres pour leur placer à tout prix ces prêts hypothécaires usuraires, qui étaient garantis sur les maisons de ceux qui acceptaient de les prendre. Et puis aussi cet informaticien de haut niveau qui a mis au point le logiciel permettant de développer de façon exponentielle la transformation de ces crédits en produits de Bourse. Il en explique simplement le fonctionnement et le drame de conscience qu'il vit aujourd'hui.

Tout devient simple, évident et révoltant comme l'argument des banquiers qui affirment froidement que les gens n'ont finalement été victimes que de leur propre appétit en voulant posséder plus que ce qu'ils pouvaient payer.

Ce qui est réconfortant, c'est d'entendre beaucoup de gens des milieux populaires, conscients de la situation, dénoncer la guerre menée par les riches pour amasser des milliards sur le dos des plus pauvres, les appuis financiers de l'État à leur service, en affirmant que ce n'est pas juste, et qu'ils veulent s'y opposer.

Et le mérite de ce témoignage est de faire sentir qu'il ne s'agit pas simplement d'abus ou d'injustices ponctuelles, mais que c'est le système capitaliste lui-même qui est en cause.

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