La guerre en Afghanistan : Un marché juteux pour les sociétés militaires privées25/08/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/08/une2195.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

La guerre en Afghanistan : Un marché juteux pour les sociétés militaires privées

Hamid Karzaï, le président de l'Afghanistan, a signé le 17 août le décret instaurant la dissolution totale d'ici la fin de l'année des sociétés militaires privées (SMP) qui jouent encore un rôle majeur dans la guerre en Afghanistan.

Que des mercenaires soient employés pour faire la guerre, ce n'est pas si inhabituel qu'il n'y paraît. Certaines de ces sociétés sont tristement célèbres par leurs exactions en Irak, tel Blackwater qui a fini par être interdit en 2007 sur le sol irakien.

On compte 40 000 mercenaires au total en Afghanistan qui sont employés par des firmes anglo-saxonnes ou même afghanes. Pour le gouvernement des États-Unis, cela présente un intérêt politique mais aussi économique. En effet, ces sociétés peuvent employer une main-d'ouvre afghane qui revient moins cher que les militaires de l'armée américaine. Et c'est autant de victimes en moins à justifier envers sa population.

Les liens entre ces sociétés et l'armée américaine sont étroits. L'état-major des sociétés militaires privées américaines est généralement composé d'anciens officiers. Ces SMP contrôlent en grande partie l'armée afghane. Par exemple, les employés de la Military Professional Ressources Inc. (MPRI) ont des fonctions aux différents échelons de la hiérarchie des forces de sécurité afghanes et ce sont eux qui forment les chefs de l'armée nationale afghane (ANA). Karzaï reproche d'ailleurs à ces sociétés d'employer des Afghans qui pourraient travailler pour l'armée ou la police afghanes. Certains ont donc voulu voir dans ce décret une volonté d'indépendance vis-à-vis des États-Unis. Mais cela est bien relatif dans un pays en guerre, secoué par des révoltes, où le pouvoir ne se maintient que par la présence de l'armée d'intervention, essentiellement américaine. Le Pentagone et le porte-parole des forces internationales, le général Josef Blotz, ne se prononcent pas contre le démantèlement des SMP, mais ils sont pour un retrait plus échelonné que ce que prévoit Karzaï. En effet, il est difficile de démanteler une force de 40 000 mercenaires dans un pays où la population fait moins confiance à l'armée ou à la police afghanes, sans parler de la défiance vis-à-vis des forces internationales, qu'aux chefs de guerres locaux.

Ces sociétés brassent beaucoup d'argent. Pour faire passer sans encombre des convois dans des zones où les insurgés sont forts, elles paient même à l'avance les forces locales d'opposition. Ce n'est plus seulement sur le trafic d'opium que les opposants au régime prélèvent une dîme mais aussi, et c'est cela qui peut gêner les Occidentaux, sur les convois américains et européens. Ces SMP sont aujourd'hui soupçonnées d'avoir arrangé des embuscades pour justifier leur lucratif système de complicité avec le pouvoir de Kaboul. Elles auraient déposé depuis le début de la guerre la somme de 4 milliards de dollars en cash dans les banques de Dubaï.

Mais que ce soit des mercenaires d'État ou des mercenaires privés, employés par le Pentagone ou directement liés au pouvoir en place, pour la population qui continue à subir la guerre, cela ne fait pas beaucoup de différence.

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