Discours sécuritaires : Hortefeux s'en prend aux Roms et « aux milliardaires de gauche »25/08/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/08/une2195.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Discours sécuritaires : Hortefeux s'en prend aux Roms et « aux milliardaires de gauche »

La politique révoltante du gouvernement en matière de sécurité, cultivant de façon délibérée les préjugés xénophobes et racistes, soulève des protestations de plus en plus nombreuses, venant de tous bords.

Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, principal metteur en scène de cette campagne, s'est senti obligé de prendre la plume pour se justifier. Dans une interview publiée dans Le Monde, il s'en prend à tous ceux qui contestent le déchaînement de sa politique sécuritaire et qu'il appelle, sur un ton méprisant, une « gauche milliardaire », l'accusant d'ignorer la réalité de la société française. Alors que lui, bien sûr, s'estime « en phase avec ses compatriotes ».

Que des gens pensent comme ce ministre tout récemment condamné pour propos racistes, c'est indéniable. On en retrouve un certain nombre parmi les électeurs du Front National et de l'UMP. Mais qu'il exprime le sentiment et la volonté de la majorité des Français, c'est trop vite dit et, heureusement, tout à fait faux.

Ceux qui contestent la politique gouvernementale en ce domaine sont loin d'être milliardaires vivant dans les beaux quartiers, ou habitants de Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Les milliardaires, ils se trouvent plutôt dans les clans qui soutiennent, et pas seulement moralement, l'action des Hortefeux. On les trouve à Neuilly, un des fiefs de Sarkozy, ou à Chantilly où sévit Woerth.

Le nombre de gens qui se déclarent scandalisés par les choix peu ragoûtants du gouvernement ne se limite même pas à la gauche, « milliardaire » ou pas. Des hommes de droite, comme Dominique de Villepin et le pape, se sont ajoutés à la liste. Et même si la protestation d'un Villepin relève sans doute d'un calcul politicien, cela montre qu'un tel calcul peut jouer auprès d'une fraction de l'électorat de droite. Plus sincère, et plus convaincante sans doute, est la protestation d'un prêtre du Nord qui a renvoyé, symboliquement, la décoration que lui avait remise le ministre.

Les quelques dizaines d'hommes, femmes et enfants que les policiers français renvoient, démonstrativement, en Roumanie où ils ne sont visiblement pas les bienvenus sont donc tout simplement victimes des calculs électoralistes de Sarkozy et de son gouvernement, qui espèrent ainsi récupérer les suffrages de la partie la plus réactionnaire de l'électorat. Il n'est pas garanti que ces calculs sordides soient électoralement gagnants pour ceux qui s'y livrent. Mais c'est là leur problème. Le fait qu'ils ne répugnent pas à pratiquer cette démagogie suffit à les juger.

Les thèmes choisis par le ministre de l'Intérieur visent non pas à améliorer la sécurité de qui que ce soit - c'est d'ailleurs le cadet de ses soucis - mais à essayer d'opposer les « Français de souche » (pour autant que cela veuille dire quelque chose), ceux qui sont « d'origine étrangère » (une grande partie de la population) et les immigrés plus récents. Mais la politique du gouvernement auquel appartient Hortefeux pourrait bien souder contre lui l'ensemble des travailleurs, quelles que soient leurs origines et leurs nationalités, solidaires dans les luttes contre les milliardaires et autres patrons qui s'enrichissent sur leur dos.

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