Profits en hausse et stagnation de l'économie : Le parasitisme des financiers et des actionnaires11/08/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/08/une2193.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Profits en hausse et stagnation de l'économie : Le parasitisme des financiers et des actionnaires

La plupart des sociétés du CAC 40 viennent d'annoncer une hausse spectaculaire de leurs profits pour le premier semestre 2010. En moyenne, ceux-ci font plus que doubler par rapport au premier semestre 2009 et, plus significatif encore, plusieurs sociétés retrouvent des bénéfices supérieurs au premier semestre 2008, c'est-à-dire avant l'éclatement de la crise financière de l'automne 2008.

Plusieurs commentateurs ont bien entendu applaudi ces résultats, prétendant comme Le Figaro que « ce début d'année marque une sortie de crise, peut-être même plus rapide que prévu », confondant ainsi la santé de l'économie et celle des profits.

Dans le peloton de tête figurent évidemment les principaux groupes bancaires. BNP Paribas annonce plus de deux milliards de profits entre avril et juin et la Société Générale plus d'un milliard pour ce même trimestre. Ces profits bancaires n'ont rien de mystérieux : pour une large part, ils proviennent des États et des banques centrales. Entre septembre et décembre 2008, la FED (la banque fédérale américaine) et la BCE (Banque centrale européenne) avaient créé et prêté à la vingtaine de grandes banques et groupes financiers l'équivalent de 2 000 milliards d'euros pour des durées de trois à six mois, à un taux de l'ordre de 1 %. Ces prêts ont été renouvelés au même taux jusqu'à aujourd'hui et la BCE vient d'ailleurs d'annoncer que ce taux resterait inchangé dans la prochaine période. De l'autre main, ces mêmes banques prêtaient aux particuliers, aux entreprises (très peu) et surtout aux États à des taux largement supérieurs.

Ces profits sont donc le résultat du parasitisme pur et simple et ne sont nullement l'indicateur d'une reprise de l'activité productive : les banques financent moins que jamais la production et les entreprises, dont le nombre dans le secteur privé a d'ailleurs reculé pour la première fois depuis 1976.

Les banques ne sont pas les seules à voir leurs profits remonter sur fond de récession. Les grands groupes industriels et commerciaux font de même, comme Total, PSA, Renault, Saint-Gobain.

Là non plus il ne s'agit pas d'une relance de l'activité. Total encaisse par exemple mécaniquement la hausse du prix du baril du pétrole répercutée sur les consommateurs. Et toutes les entreprises, sans augmenter sensiblement leur activité et quelquefois en la diminuant, ont, comme le disent leurs dirigeants, réduit bien plus drastiquement « leurs coûts », sur le dos de leurs salariés. Elles ont en fait aggravé considérablement l'exploitation des travailleurs. Elles ont fermé des usines, des ateliers, licencié des centaines de milliers de travailleurs et obtenu une intensification exceptionnelle du travail. Conjugué avec la baisse des salaires réels, cela explique la remontée des profits malgré la stagnation de l'économie.

Ces profits ne vont en aucun cas dans l'investissement productif qui atteint un niveau très bas, et pour cause : produire quoi et pour qui ? Ce ne sont pas les chômeurs ou les travailleurs menacés dans leur emploi et leur salaire qui vont subitement consommer les produits en excédent sur le marché. Alors où vont les profits ? Les conseils d'administration ont augmenté sensiblement la part versée aux actionnaires qui, eux, ne font marcher qu'une seule industrie : celle du luxe.

Celle-ci se porte d'ailleurs admirablement bien : Hermès a vu ses ventes augmenter de 22 %. PPR, avec ses marques Gucci, Yves Saint Laurent, double son bénéfice net pour le bonheur de son propriétaire François Pinault. Le même Pinault possède Christie's, une des deux maisons qui règnent sur le marché de l'art et qui a vu ses ventes augmenter de 46 %, pour atteindre près de deux milliards d'euros.

Toute cette classe bourgeoise déborde de fric qu'elle est totalement incapable d'investir ou même de consommer. Elle vit de façon rentière sur le dos du restant de la collectivité, par l'exploitation directe des travailleurs et indirectement par le pillage des caisses de l'État.

Non, la remontée des profits n'est nullement le signe d'une sortie de crise, elle est uniquement l'expression du parasitisme croissant de la classe bourgeoise.

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