Le gouvernement va vite en besogne pour repousser l'âge de la retraite et décréter que l'on peut travailler plus longtemps puisqu'on vit plus longtemps. Mais dans la réalité, les patrons n'emploient pas ou peu les seniors. Les statistiques officielles de l'Insee suffisent à le montrer. À la fin de l'an dernier, le taux d'emploi des travailleurs ayant entre 50 et 54 ans était de plus de 80 %, mais celui des 55-59 ans tombait à 58,5 % et celui des 60-64 ans chutait à 17 %.

Des mesures sont prévues dans la réforme gouvernementale des retraites, devant paraît-il « favoriser le maintien de l'emploi des seniors » ou l'embauche des plus de 55 ans. En fait, comme le gouvernement n'a aucun moyen de contrainte sur les patrons, il s'apprête à leur verser une aide égale à 14 % du salaire brut qui serait versée pour tout travailleur de plus de 55 ans embauché dans le cadre d'un contrat à durée indéterminée ou d'un CDD de plus de six mois. Il serait très étonnant que cela suffise aux patrons... sauf comme un cadeau bon à prendre dans des cas très particuliers.

Avec cette réforme, la situation des travailleurs âgés ne peut qu'empirer gravement. Le gouvernement annonce avec cynisme, aux travailleurs de plus de soixante ans qui n'auront ni travail ni retraite complète, qu'il prépare la « libéralisation totale du cumul emploi-retraite ». S'ils n'arrivent pas à joindre les deux bouts en attendant 67 ans et une pension qui représentera à peine 70 % de la moyenne des salaires des 25 meilleures années, qu'ils cherchent donc des petits boulots, leur recommande-t-il en substance. C'est odieux et inadmissible.