Départ du patron de BP : Un parachute doré à l'or noir28/07/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/07/une2191.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Départ du patron de BP : Un parachute doré à l'or noir

Les grands actionnaires du géant pétrolier BP ont choisi d'écarter, avec prudence, l'actuel directeur de l'entreprise, Tony Hayward. Ce dernier aura servi de fusible après la catastrophe du golfe du Mexique. Mais il ne risque pas de se retrouver sur la paille.

Ce qui contrarie ces grands actionnaires (principalement la banque américaine JP Morgan, mais aussi des fonds de placements dont par exemple ceux des français AXA, BNP Paribas et Société Générale), ce ne sont pas les conséquences écologiques et sociales des millions de litres de pétrole déversés à 60 km des côtes américaines. Ce sont leurs conséquences financières. L'action BP a dégringolé et plus de 103 000 plaintes contre BP avaient été déposées le 10 juillet. L'image de la marque en a pris un coup, BP a dû dépenser des dizaines de millions de dollars en pages de publicité, spots télévisés ou encore rachat de mots clés (les termes liés à la catastrophe ont pendant un temps renvoyé, dans les moteurs de recherche, au site de propagande de BP, de façon, d'après le porte-parole du groupe, à « faciliter les recherches des gens qui veulent en savoir plus »...)

Dans ce contexte, les déclarations de Tony Hayward ont été présentées comme des « gaffes ». Il affirmait par exemple un mois après l'explosion de la plate-forme pétrolière que « l'impact environnemental de la fuite de pétrole sera probablement très, très modeste » ou encore que « la quantité de pétrole déversée » était « minuscule comparée au volume de l'Océan ». Plus que des gaffes, ces déclarations montraient son mépris pour les conséquences sociales des activités de son entreprise (qui sont loin de se limiter à cette marée noire). Devant l'indignation de la population américaine face à la catastrophe et à ces déclarations, des politiciens américains avaient spécialement pointé ce patron du doigt, Obama lui-même suggérant son départ.

Les propriétaires de BP ont choisi de se débarrasser de leur serviteur, et de le remplacer par un nouveau patron qui ne portera pas la marque de la catastrophe du golfe du Mexique. Tony Hayward avait d'ailleurs lui-même succédé, en 2007, à un précédent patron dont l'image avait déjà été ternie par l'explosion meurtrière d'une raffinerie au Texas et une fuite de pétrole en Alaska.

D'après son contrat, Tony Hayward aurait droit à son départ, dont les modalités d'exécution sont âprement négociées ces jours-ci, à un an de salaire (soit 1,2 million d'euros) et des droits à retraite de 13 millions d'euros. Sans compter qu'il pourrait devenir administrateur d'une société russe appartenant en partie à BP, ce qui devrait lui permettre encore plus de beurre dans les épinards. Ce parachute doré a beau être « minuscule » comparé au volume de l'océan de profits capté par BP, il a de quoi choquer les victimes de la catastrophe autant que les travailleurs qui, quand ils sont licenciés pour faute professionnelle, ne bénéficient pas de tant d'égards.

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