Un an après le lancement du RSA : Un dispositif dérisoire face à une pauvreté grandissante02/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2183.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un an après le lancement du RSA : Un dispositif dérisoire face à une pauvreté grandissante

Un an après le lancement du RSA, le gouvernement vient de livrer un premier bilan : il est très loin des objectifs qu'il avait proclamés.

À sa création, il avait présenté le RSA comme devant sortir les travailleurs pauvres de la pauvreté, en permettant aux bénéficiaires des minima sociaux, et de l'ex-RMI en particulier, de ne pas perdre de l'argent en recommençant à travailler. Martin Hirsh, l'ex-haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, avait promis de « faire sortir immédiatement 700 000 personnes du seuil de pauvreté », soit au-dessus de 60 % du salaire médian. Il escomptait que 90 % de la population visée solliciterait et percevrait un complément d'activité.

Un an après, au lieu des 90 % escomptés, seulement 35 % de la population ciblée perçoivent le « RSA complément d'activité », soit 615 000 bénéficiaires. Même le journal patronal Les Échos parle d'un « chiffre décevant ».

En fait, l'attribution de ce complément d'activité est très difficile. Les conditions de ressources, par exemple, tiennent compte de critères qui n'existaient pas avec le RMI. Le fait de posséder sa propre maison devient un handicap. L'inscription est toujours très compliquée, car le RSA dépend à la fois des Caisses d'allocations familiales, du Pôle emploi, des centres communaux d'action sociale et des collectivités locales. Les sommes perçues, si elles se montent en moyenne à 200 euros mensuels par foyer, n'atteignent dans certains cas que 20 ou 30 euros, décourageant certains à se lancer dans le labyrinthe administratif. À tout cela s'ajoute le manque de moyens : les caisses d'Allocations familiales sont saturées et les queues s'allongent démesurément aux guichets.

Et les effets de la crise, avec la montée du chômage, ont réduit mécaniquement le nombre de possibles bénéficiaires de ce « RSA complément d'activité ». Les chiffres de mars 2010, dernier mois disponible, montrent même une baisse, de 12 000 foyers, du nombre de bénéficiaires par rapport au mois précédent.

Autre preuve de la faiblesse de ce dispositif, pourtant présenté par Sarkozy comme une des mesures phares de sa première partie du quinquennat : les sommes disponibles n'ont pas été toutes dépensées. La nouvelle taxe de 1,1% sur les revenus du patrimoine, qui avait rapporté 833 millions en 2009 et qui devait entièrement être consacrée au RSA, a laissé un excédent, puisque 744 millions d'euros seulement ont été dépensés. Un comble !

Quant au deuxième objectif proclamé par Sarkozy avec le RSA, « faciliter le retour à l'emploi », au gouvernement plus personne n'ose en parler !

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