Sommet Afrique France - Une seule préoccupation : Les affaires du patronat français02/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2183.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sommet Afrique France - Une seule préoccupation : Les affaires du patronat français

Le gouvernement français a organisé à Nice un sommet de presque tous les dirigeants des pays africains. On sait qu'officiellement, Sarkozy prétendait tourner la page de la « Françafrique », cette ingérence de la France dans toutes les affaires africaines à travers divers réseaux aussi opaques les uns que les autres. Il s'agissait selon lui d'établir avec tous les États, francophones ou non, un « partenariat » politique et économique sur un pied d'égalité.

Pour ce qui est de tourner la page, la démonstration a capoté. Le sommet de Nice comptait une brochette de chefs d'État autoritaires ou de dictateurs parmi lesquels un bon nombre de protégés des gouvernements français passés ou présent, comme Denis Sassou Nguesso du Congo par exemple, illustrant la continuité dans la complicité avec ces régimes. Mais, comme l'a dit le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant : « On ne va pas se brouiller avec ceux qui nous rendent de grands services ».

Quant au partenariat économique avec tous les États africains, il était effectivement l'objet du sommet, à condition de s'entendre sur le mot « partenariat ». Oubliant ses propos de 2007 à Dakar sur l'immobilisme des Africains, Sarkozy a vanté « la maturité politique et économique de l'Afrique »avec qui « on peut parler technologie, innovation, recherche ». À qui surtout on peut essayer de vendre cette technologie... ou n'importe quoi d'autre.

Les représentants de 80 entreprises françaises, Laurence Parisot en tête, se sont donc réunis eux aussi à Nice avec des représentants d'entreprises africaines pour tenter de résoudre leur vrai problème : comment augmenter les échanges commerciaux avec l'Afrique, qui sont passés de 40 % dans les années soixante à 2 % aujourd'hui ? Comment ne pas laisser trop de place aux sociétés américaines et canadiennes ou aux Chinois qui sont en pointe dans l'exploitation des matières premières et dans le domaine des infrastructures (routes, ponts, hôpitaux, stades...) ?

Le PDG de Total a bien insisté sur la nécessité de « veiller à ce que les Chinois ne soient pas les seuls à venir en aide » aux Africains ! L'« aide » de son trust, qui consiste depuis des dizaines d'années à pomper les richesses des populations africaines et à polluer leur environnement, et qui s'est traduite en 2009 par « la plus grosse croissance en terme de production et de réserves », il la verrait bien s'étendre au solaire qui est « la priorité des énergies complémentaires de Total ».

Le sommet s'est conclu sur une promesse de Sarkozy d'accroître le poids international de l'Afrique quand la France présidera le G8 et le G20. Il s'est terminé aussi sur l'adoption d'une charte professionnelle des investisseurs sur le continent africain promettant de bannir la corruption et prônant la transparence ! Laurence Parisot a ajouté ce commentaire : « Des attitudes vertueuses naissent des dynamiques heureuses » !

Ce verbiage hypocrite et grotesque pourrait faire sourire si, derrière, on ne trouvait pas la situation dramatique des populations africaines, exploitées par les multinationales et opprimées par des dictatures.

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