Le gouvernement et l'Éducation : Réduire les postes à tout prix02/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2183.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le gouvernement et l'Éducation : Réduire les postes à tout prix

Dans un document confidentiel du ministère de l'Éducation nationale, sont exposées crûment les pistes du gouvernement pour diminuer encore le nombre d'enseignants. Dès 2011, de 15 000 à 17 000 postes devraient être supprimés.

Les « fiches » que le ministre de l'Éducation nationale Luc Chatel a remises aux recteurs des différentes académies, début mai, se terminent invariablement par la même rubrique intitulée « détail de calcul du gain en postes ». Au recteur de calculer et de dire combien de postes il pourra économiser, « au mieux ». Parmi les moyens envisagés on trouve, ce n'est pas une surprise, l'augmentation des effectifs des élèves par classe. Avec cinq élèves de plus dans chaque classe au collège, et une moyenne de 29 élèves par classe, le « gain » serait de 6 500 à 8 100 emplois d'enseignants. Mais on peut faire « mieux » et aller au-delà des 30 élèves par classe !

Dans les écoles primaires, le gouvernement envisage le regroupement des petites structures, en particulier la fermeture d'écoles dans les petites communes. Cela est déjà le cas, comme beaucoup des pistes envisagées dans ce document, mais cela se ferait plus systématiquement. Les regroupements d'écoles signifient, pour les enfants scolarisés dans ces écoles, des heures de transport en car et, entre parenthèses, pour les communes qui ont en charge l'organisation de ce transport, des dépenses supplémentaires.

Pour permettre l'augmentation du nombre d'élèves pour toutes les classes, il serait question d'augmenter la taille des salles de classe. La disparition de la scolarisation à 2 ans dans les maternelles est un autre « levier » envisagé pour gagner des postes.

Enfin, en ce qui concerne les remplacements, le gouvernement veut recourir aux vacataires, car cela coûte moins cher. On peut ainsi lire : « Une piste d'optimisation du coût en emplois du remplacement réside dans le recours à des non-titulaires en substitution à des titulaires pour assurer une partie du remplacement, les non-titulaires présentant une ressource plus flexible dont le rendement est proche de 100%. » On ne peut pas être plus clair.

On pourrait citer bien d'autres « leviers » pour économiser des milliers de postes, comme le fait de supprimer les postes d'enseignants spécialisés dans l'aide aux élèves en difficulté, ou ceux de psychologues scolaires. Dans tout le document, seule la logique comptable apparaît.

Cela fait des années que la politique des ministres successifs de l'Éducation nationale, du ministre socialiste Allègre à tous les ministres de droite, Fillon, Darcos et aujourd'hui Chatel, est de supprimer des emplois ; plus de 60 000 postes ont été supprimés durant les cinq dernières années. Mais le gouvernement envisage visiblement de passer à la vitesse supérieure.

Dans notre société complètement folle, la préoccupation d'éduquer dans de bonnes conditions la jeunesse, et en particulier la jeunesse des classes populaires, passe bien après celle de permettre aux industriels et aux banquiers de continuer à engranger des profits gigantesques.

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