Italie : Une « manoeuvre » de 24 milliards aux frais de la population02/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2183.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Une « manoeuvre » de 24 milliards aux frais de la population

Une « manoeuvre » de 24 milliards d'euros : c'est ce qu'a annoncé le ministre de l'Économie italien Giulio Tremonti le 26 mai. Le gouvernement Berlusconi, parmi les autres gouvernements européens, ne fait certes pas dans l'originalité. Car il faut entendre par là un plan d'austérité comportant essentiellement des réductions de dépenses publiques, réductions payées par les salariés de l'État et par les collectivités locales.

Pour celles-ci, c'est en effet pas moins de treize milliards d'euros de réductions de dépenses qui devraient être imposées, et c'est autant d'argent qui manquera pour financer la santé, les transports et nombre de services publics. L'autre grande coupe dans les dépenses concerne les fonctionnaires : le renouvellement de leur contrat collectif sera gelé pour trois ans. Leurs salaires seront donc bloqués à partir de maintenant et jusqu'en 2013. Leur indemnité de départ en retraite, la « liquidation » qui normalement leur est versée en une fois, ne le sera plus que par tranches. Au total, c'est plus de cinq milliards d'euros qui seraient ainsi récupérés. Enfin, cinq autres milliards seraient récupérés aux dépens des travailleurs voulant partir en retraite, qui verront les « fenêtres » de départ s'éloigner de douze mois.

Face à ces mesures qui retombent lourdement sur les salariés et les couches populaires, les autres annonces, telles que la lutte contre l'évasion fiscale ou la diminution des salaires des ministres, ne comptent pratiquement pour rien, sinon pour permettre au gouvernement de déclarer sans rire que tout le monde paiera de façon égale. Comme les autres gouvernements européens, le gouvernement Berlusconi a d'abord l'oeil rivé sur les « marchés » et le cours des Bourses. Il s'agit d'annoncer que, comme les autres gouvernements européens, il se conformera aux objectifs de réduction du déficit de l'État, sans toucher en quoi que ce soit aux dépenses qui permettent de subventionner les profits capitalistes.

Ces annonces ont lieu dans un pays où les services publics sont déjà en voie de déliquescence, qu'il s'agisse des transports ou bien de l'enseignement, où le plan de la ministre Gelmini a déjà prévu l'an dernier 120 000 suppressions de postes en trois ans, et dans un pays où les salaires sont déjà particulièrement bas, qu'il s'agisse des salaires du public ou de ceux du privé. Autant dire que c'est l'annonce d'une nouvelle dégradation de la situation sociale, que paiera la population la plus pauvre.

Devant l'impopularité prévisible du plan, quelques divisions sont apparues au sein du gouvernement Berlusconi. Côté syndical, les confédérations les plus à droite, CISL et UIL, ont d'ores et déjà approuvé le plan, tandis que le secrétaire de la CGIL, Guglielmo Epifani, s'est senti contraint d'annoncer une manifestation nationale le samedi 12 juin à Rome, avant une grève générale de quatre heures qui aurait lieu fin juin.

Dans ses déclarations, Epifani se montre cependant toujours plus soucieux du sort de « l'économie italienne » en général que de celui des travailleurs. Il faudra vraiment que ceux-ci mettent les pieds dans le plat pour rejeter une politique qui fait retomber sur eux tous les frais de la crise.

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