Crise financière : Les travailleurs n'ont pas à payer les dettes des financiers02/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2183.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Crise financière : Les travailleurs n'ont pas à payer les dettes des financiers

En septembre 2008, le système financier a menacé de se bloquer parce que les banques, n'ayant plus confiance les unes dans les autres, refusaient de se prêter de l'argent. Ce sont donc les États, par l'intermédiaire des banques centrales, qui ont assuré la circulation monétaire en injectant des milliers de milliards de dollars ou d'euros dans l'économie capitaliste. Les États ont à cette occasion racheté des « titres pourris », c'est-à-dire des reconnaissances de dettes qui n'avaient aucune chance d'être jamais payées, aux banques qui les détenaient. L'argent public a ainsi servi de garant et d'assureur aux mauvaises affaires des banquiers privés. On nous a alors dit qu'il fallait sauver le système bancaire et redonner confiance aux banquiers, pour que l'économie se remette en marche, à la satisfaction de tous.

Pendant que le chômage explosait, le système s'est en effet remis en marche, au moins dans sa partie spéculative, et les banques ont recommencé à faire des bénéfices extraordinaires. Mais les dépenses faites ont augmenté de façon colossale le déficit des budgets publics et la dette des États envers ces mêmes banquiers.

L'absurdité du système n'a pas empêché ceux qui le dirigent, et surtout ceux qui en profitent, de prétendre faire payer les travailleurs en affirmant que, pour rétablir l'équilibre, ce sont les budgets publics, les salaires, les retraites, etc. qu'il faut réduire. Et dans tous les pays, sous des vocables divers, les plans d'austérité se succèdent.

Mais rien n'est réglé. En effet, sous le coup des spéculations diverses, en particulier des spéculations contre la monnaie européenne, on apprend que le système financier menace de se bloquer à nouveau. Les banquiers recommencent à manquer de confiance les uns envers les autres et dans la capacité des États les moins puissants à honorer leurs dettes.

Interrogé par le journal Le Monde le 31 mai, Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE), n'a alors trouvé rien d'autre à dire que de proposer de « rétablir la confiance » entre banquiers exactement par les mêmes moyens. La BCE vient en effet de racheter aux banques pour 35 milliards de « titres pourris », des créances que la Grèce ne pourra pas payer par exemple. De plus, la BCE estime que les banques européennes ont encore dans leurs coffres pour 193 milliards d'euros de papiers qui ne valent plus rien et qu'il va bien falloir résoudre ce problème.

Trichet annonce donc que les banques centrales vont continuer la même politique qui a si mal, ou si bien selon le point de vue, réussi. Et, dans le même souffle, il annonce aussi qu'il faut continuer à faire payer les populations en multipliant et en coordonnant les « plans de retour à la sagesse budgétaire », c'est-à-dire les attaques contre les travailleurs. On peut facilement prédire qu'il lui faudra d'ici quelques jours ou quelques mois exiger encore plus d'austérité, encore plus de mesures antiouvrières, puisque les deniers publics se déversent toujours plus dans le puits sans fond des coffres privés.

Les travailleurs n'ont cependant aucune raison d'accepter cette « logique » qui voudrait que la population paye pour la folie du système capitaliste. Si la prolongation de la crise démontre une chose, c'est la nécessité d'exproprier les groupes financiers privés, sans indemnité ni rachat, et d'établir une banque publique unique, fonctionnant sous le contrôle de la population et dans son seul intérêt.

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