Roumanie : Contre le plan d'austérité impose par le FMI les fonctionnaires manifestent26/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une2182.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Roumanie : Contre le plan d'austérité impose par le FMI les fonctionnaires manifestent

En Roumanie, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Bucarest le 19 mai, pour protester contre le plan d'austérité que le gouvernement s'apprête à appliquer, se pliant ainsi aux exigences du FMI.

C'est la plus importante manifestation que le pays ait connue depuis la chute du régime de Ceaucescu il y a vingt ans, et les syndicats envisagent d'appeler à une grève générale le 31 mai.

La Roumanie a été touchée de plein fouet par la crise économique. En mars 2009, au bord de la faillite, elle avait reçu un prêt de 20 milliards d'euros provenant du FMI, de l'Union européenne et de la Banque mondiale. En contrepartie, le gouvernement s'était engagé à prendre des mesures d'austérité, notamment en diminuant le nombre de fonctionnaires. Mais le FMI ne verse jamais globalement la somme promise et la Roumanie n'en a jusqu'à présent reçu que la moitié. Maintenant, pour qu'elle puisse toucher le reste de l'argent, le FMI exerce un chantage, lui demandant d'accentuer les mesures d'austérité afin de faire baisser le déficit public, et Strauss-Kahn en personne a transmis ces exigences en se rendant fin avril dans le pays.

Le plan d'austérité prévoit le licenciement de 70 000 fonctionnaires et, dès le 1er juin, une baisse des salaires de 25 % dans la fonction publique. Les pensions et les allocations chômage baisseront de 15 %. En outre, 150 hôpitaux devraient être fermés. Plus du tiers de la population dépend de la fonction publique, reste de l'organisation étatique de l'époque stalinienne. Les salaires y sont bas, dans les 350 euros mensuels, alors que les loyers varient entre 50 et 300 euros, que l'essence ou certains produits industriels sont au même prix qu'en Europe de l'Ouest. Les retraites, quant à elles, sont misérables.

La perte brutale d'une partie importante des revenus va plonger la majorité de la population dans la pauvreté. Déjà, l'hiver dernier, l'instauration d'une taxe carbone au-delà d'une certaine consommation de carburants avait condamné les habitants les plus pauvres à subir le froid, dans un pays où la température peut descendre jusqu'à - 30°. Avec le licenciement programmé de 70 000 fonctionnaires, le chômage va exploser : sur les 760 000 chômeurs recensés, 444 000 avaient perdu leur emploi en 2009, et les milieux patronaux prévoient un demi-million de chômeurs supplémentaires pour cette année.

La population roumaine paie au prix fort les effets d'une crise qui a ruiné le pays et dont elle n'est pas responsable. Le FMI, qui ne consent à accorder des prêts à des pays qu'en échange d'une politique d'austérité frappant les milieux populaires, défend uniquement les milieux financiers qui veulent récupérer les intérêts de l'argent qu'ils prêtent - les mêmes qui sont à l'origine de la crise actuelle. Et leur porte-parole n'est autre que Strauss-Kahn, qui se prétend socialiste.

Partager