Hôpital Edouard-Herriot (Hospices civils de Lyon) : Suppressions de postes et fermetures de lits au détriment du personnel et des malades26/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une2182.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital Edouard-Herriot (Hospices civils de Lyon) : Suppressions de postes et fermetures de lits au détriment du personnel et des malades

Depuis un an, la direction des HCL met en place de nouvelles règles concernant le personnel à prévoir par rapport au nombre de lits, avec comme objectif évident de diminuer les effectifs et tenter ainsi de réduire son déficit budgétaire, comme le veut le gouvernement.

En 2008 et 2009, elle a eu recours, pour revoir les effectifs, à un audit privé, Cap Gemini, dont les conclusions, prévisibles, ont été que les effectifs aux HCL étaient bien plus élevés que dans d'autres CHU. Il préconisait donc de nouveaux ratios. Les HCL ont suivi ces recommandations et le rapport lits/personnel est désormais, en moyenne et en fonction des pathologies traitées, d'une aide-soignante et d'une infirmière pour dix patients. C'est ce qui commence à s'appliquer depuis un an.

Les conséquences sont catastrophiques, car les pathologies traitées à l'hôpital sont de plus en plus lourdes. Les agents travaillent sans filet. Dès qu'il y a des absences (maladie, congé maternité, congés), la sécurité des patients est remise en cause. Il n'est pas rare de voir l'infirmière ou l'aide-soignante se retrouver seule pour tout un service de vingt lits. Aux Urgences viscérales et orthopédiques, deux infirmières doivent pendant douze heures s'occuper de vingt patients, sans aucun renfort. La nuit, une infirmière s'est retrouvée seule pour tout le service. Autant dire que certains jours certaines craquent.

Comme la direction a mutualisé les moyens en créant les Pôles d'activités médicales (PAM), des agents sont obligés d'aller travailler dans d'autres spécialités du PAM quand la sécurité des patients est remise en cause, ce qui génère beaucoup plus de stress et de fatigue. Mais même cela devient de moins en moins possible, car tous les services se retrouvent en difficulté.

Alors il y a le recours à l'intérim. Sauf que des secteurs ont déjà liquidé une bonne partie de leur budget annuel, en particulier aux Urgences. Et il devient de plus en plus difficile de trouver des infirmières qui acceptent de travailler à l'hôpital dans de telles conditions.

En Gériatrie, dans le service de post-urgence, cinq lits sur dix-neuf viennent de fermer, car certains jours il n'y avait plus qu'une seule infirmière. D'après la direction, il n'est pas possible d'en trouver : une cinquantaine de postes d'infirmières ne seraient pas pourvus sur l'ensemble de l'hôpital. La direction en vient à aller chercher des remplaçants ponctuels dans les autres établissements des HCL, ce qu'elle n'avait jamais osé faire jusqu'alors.

En plus, il devient difficile de recruter des médecins. Ainsi, début mai, la direction de l'hôpital a dû fermer 17 lits de post-urgence accueillant beaucoup de personnes âgées, ceci jusqu'en novembre, si tout se passe bien, car deux postes de praticiens urgentiste et gériatre n'arrivent pas à être pourvus, de même que neuf postes d'internes ce semestre. Plus de la moitié des cinquante agents du service se sont retrouvés du jour au lendemain à devoir aller travailler ailleurs, les roulements, les horaires, les congés d'été étant remis en cause, et les aides-soignant(e)s sous contrat risquant d'être remercié(e)s. Devant la colère du personnel, la direction a accepté de ne pas revenir sur les congés annuels, de laisser aux mères de famille le temps de se retourner, et de garder les contractuels.

Ces fermetures surviennent juste avant les congés d'été, période où la situation d'accueil dans les Urgences est particulièrement difficile. Et ces suppressions de postes doivent se poursuivre jusqu'en 2013, la direction des HCL ayant décidé de supprimer environ 200 postes par an. Et devant les difficultés rencontrées pour y arriver, elle compte à nouveau sur des consultants privés qui actuellement « s'immergent » dans les équipes plusieurs mois, étudient chaque fait et geste pour faire la chasse aux temps morts, réorganiser les services et supprimer des postes. Et il y a tout à craindre de ces consultants, quand on sait que l'un d'eux, McKinsey, a contribué à réorganiser le Pôle emploi, avec les conséquences désastreuses que l'on connaît.

Chaque service réagit isolément lorsqu'il est touché par ces suppressions de postes ou ces fermetures de lits, mais chacun voit bien que tous les services de tous les hôpitaux publics, et par-delà tous les services publics, sont touchés de la même manière. Attachés à la défense de leurs conditions de travail autant qu'aux conditions d'accueil et de soins des malades, les agents hospitaliers pourraient bien prendre un bon coup de colère. Ce serait en tout cas le seul moyen de mettre un coup d'arrêt à cette politique désastreuse.

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