Ce n'est pas aux travailleurs de payer les dettes que l'État a contractées pour sauver les banquiers26/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une2182.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Ce n'est pas aux travailleurs de payer les dettes que l'État a contractées pour sauver les banquiers

Il y a deux ans, lors de l'éclatement de la crise boursière, tous les dirigeants politiques prétendaient que sauver le système bancaire était une nécessité pour toute la société. Mais ce qu'ils voulaient, c'était sauver les banquiers qui étaient pourtant les principaux responsables du déclenchement de la crise. Aucun État n'a envisagé d'exproprier les banquiers et de mettre sous contrôle le système bancaire. Non, les États leur ont, au contraire, accordé des centaines de milliards, sans leur demander la moindre contrepartie et sans leur imposer la moindre obligation. Et sitôt « sauvés », les banquiers se sont remis à spéculer comme avant.

Pour sauver les banquiers, tous les États se sont endettés jusqu'au cou. Ils sont tous obligés d'emprunter toujours plus pour rembourser les échéances de leurs dettes antérieures. Et comme les sommes à payer aux banques croissent sans cesse, il leur faut diminuer les autres dépenses. Y compris et surtout les dépenses les plus indispensables à la population.

Le gouvernement français annonce d'ores et déjà qu'il compte réduire le RSA, les aides au logement ou les contrats aidés. Il veut faire des économies sur la Sécurité sociale, c'est-à-dire couper dans les dépenses de santé. Il veut bloquer les dotations de l'État aux collectivités locales. Et à cela s'ajoute l'attaque en cours contre les retraites.

On nous dit qu'une réforme est indispensable en raison de l'allongement de la durée de vie. C'est un mensonge grossier. La durée de vie a augmenté, mais bien moins que la productivité du travail.

S'il n'y a pas assez d'argent dans les caisses de retraite, c'est d'abord à cause du chômage, mais c'est surtout parce que c'est la classe capitaliste qui a empoché le fruit de l'accroissement de cette productivité. Alors, s'il n'y a pas assez d'argent dans les caisses de retraite, c'est dans celles des capitalistes qu'il faut reprendre ce qu'ils ont volé aux travailleurs !

La question des retraites fournit à la gauche, en ce moment, l'occasion de s'opposer, à fleurets mouchetés, à la droite au pouvoir. Mais ils sont d'accord sur l'essentiel. Ils présentent tous l'allongement de la durée de cotisation comme une nécessité. Mais avec le chômage qui frappe les anciens, cela signifie réduire les retraites.

Avec les derniers développements de la crise financière, c'est l'aggravation de l'endettement qui devient le prétexte de toutes les mesures d'austérité imposées au monde du travail.

Les mêmes dirigeants, qui ont déversé des milliards sur les banques, se répandent aujourd'hui sur les ondes pour répéter que la dette est devenue insupportable. Mais ce ne sont pas les travailleurs qui ont vidé les caisses de l'État. Les milliards débloqués sont allés dans la poche des banquiers, des grands groupes capitalistes. Alors, c'est à eux de payer !

Face aux attaques dirigées contre eux, il faut que les exploités se défendent. Ils ne pourront pas le faire sur le terrain électoral.

À deux ans des élections présidentielle et législatives, toute la vie politique du pays tourne déjà autour des combinaisons en vue de ces élections. Mais espérer un changement par voie électorale a toujours été une duperie pour les travailleurs.

Même si la gauche, le Parti Socialiste en tête, devait l'emporter à la prochaine présidentielle, elle mènerait inévitablement la même politique d'austérité que la droite. Il n'y a qu'à voir comment, en Grèce et en Espagne, ce sont des gouvernements socialistes qui prennent les mesures d'austérité antiouvrières, et avec les félicitations de Strauss-Kahn, aujourd'hui patron du FMI, membre lui aussi du Parti Socialiste.

S'ils ne veulent pas se faire complètement écraser par le capital, les travailleurs devront se défendre avec leurs propres moyens, avec leurs propres armes de classe : les grèves, les manifestations de rue, une explosion sociale assez puissante pour que la classe capitaliste craigne pour ses profits, pour sa propriété, pour son pouvoir sur l'économie.

Et pour empêcher que, la peur passée, la classe capitaliste s'emploie à reprendre ce qu'elle aura dû lâcher, il faudra imposer le contrôle des travailleurs sur les comptes des entreprises et des banques. Sans ce contrôle, les patrons peuvent raconter n'importe quoi, affirmer qu'ils n'ont pas les moyens d'accorder satisfaction même aux revendications élémentaires. Eh bien, il faut que les travailleurs puissent vérifier leurs comptes, ce qu'ils gagnent, ce qu'ils dépensent, ce que touchent les actionnaires.

Il n'y a que comme cela que le monde du travail pourra arrêter la plongée vers la misère.

Éditorial des bulletins d'entreprise du mardi 25 mai

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