Baisser le salaire des ministres ? « La question ne se pose pas »19/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une-2181.gif.445x577_q85_box-0%2C18%2C158%2C222_crop_detail.png

Leur société

Baisser le salaire des ministres ? « La question ne se pose pas »

Moins 5 % au Portugal et en Grande-Bretagne, moins 15 % en Irlande ; une ombre se profile ces derniers temps au-dessus du salaire des ministres de plusieurs pays européens, au nom de la « solidarité » dans la rigueur.

Et en France ? Quelques-uns des ministres ont cru bon, après les annonces de rigueur budgétaire de leur chef Fillon, de se déclarer prêts à faire un effort. De Nathalie Kosciusko-Morizet, qui tient à préciser que cette baisse n'aurait qu'une « portée symbolique », à Valérie Pécresse, pour qui « les politiques doivent donner l'exemple », en passant par Rama Yade et Bruno Le Maire, qui s'inclinera « si le Premier ministre et le président le veulent », car « c'est au patron de décider », jusqu'à Christine Lagarde, la fayote de la classe, dont la « rémunération a déjà diminué » depuis qu'elle a changé de portefeuille, il y a déjà cinq ans... tous ces bons élèves de la promotion Fillon ont dû se faire haïr de leurs collègues pour leur précipitation à s'exprimer.

Aussitôt, en effet, Matignon a donné le la : « Il n'y a pas de sujet .» Cette « insoutenable » atteinte à la paye des ministres ne serait « pas cohérente », clame hypocritement François Baroin... puisque baisser le salaire des ministres entraînerait selon lui la nécessité de baisser celui des hauts fonctionnaires, souvent du même ordre de grandeur, et donc... celui de tous les fonctionnaires ! Ce qui n'est pas encore à l'ordre du jour dans les tablettes du gouvernement. D'ailleurs Éric Woerth, le ministre du Budget, qui s'y connaît pourtant en matière de blocage des salaires des fonctionnaires, vient de se déclarer « pas favorable à la baisse du salaire des Français ». Dans ce cas...

Qu'on se rassure, les secrétaires d'État, avec leurs 12 000 euros mensuels, les ministres, avec leurs 13 500 euros, le Premier ministre, avec ses 20 000 euros, auxquels tous peuvent ajouter leurs indemnités d'élus locaux et une allocation mensuelle pour « frais d'emplois » de plus de 5 800 euros et quelques défraiements, ne sont pour l'instant pas au RMI.

Et s'il est vrai, comme ils le font eux-mêmes remarquer, que ces quelques centaines de milliers d'euros représentent une paille par rapport aux milliards versés aux banques ou aux constructeurs automobiles dès qu'ils versent une larme, certains se souviennent de Raffarin, il y a quelques années, augmentant ses ministres de 70 % en guise de cadeau de bienvenue, ou, sans aller plus loin, de Sarkozy s'octroyant 172 % d'augmentation de salaire dès son arrivée au pouvoir.

Mais il est bien vrai que les larbins des capitalistes se doivent de recevoir des émoluments dignes de leurs maîtres...

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