Union européenne : « À deux doigts de l'abîme... »13/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une2180.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Union européenne : « À deux doigts de l'abîme... »

« Marchés euphoriques », a titré à sa Une le quotidien économique La Tribune, le 11 mai. Même ton pour Libération qui a parlé des « Bourses euphoriques ». Euphoriques, les « marchés », en fait les banquiers et les spéculateurs de haut vol, peuvent l'être : l'Union européenne leur offre 750 milliards d'euros. Pas étonnant que, au lendemain de la signature de ce plan, les actions des grandes banques aient augmenté de 20 à 25 %.

Les « marchés » pavoisent. Et ils ont de quoi, eux qui depuis des mois, sinon des années, parient sur la banqueroute des finances publiques de certains pays (Grèce, Portugal, Espagne...). Pour boucler leurs fins de mois, ces États en sont réduits à accepter les taux de crédit usuraires de ces banques. Ensuite, déstabiliser des pays de la zone euro a provoqué la chute importante de leur monnaie commune, ouvrant ainsi aux financiers un boulevard de spéculation sur les monnaies. Enfin la situation ainsi créée, menaçant de faire exploser l'eurozone, voire cette Union que les bourgeoisies d'Europe ont eu tant de mal à mettre sur pied, a acculé l'Union européenne à sortir son chéquier.

Elle a donc signé pour 500 milliards d'euros, auxquels s'ajoutent 250 autres du Fonds monétaire international (FMI), le tout avec la garantie de la quasi-totalité de l'Union européenne, dont deux des cinq premières puissances mondiales, l'Allemagne et la France.

Ainsi, l'Europe va prêter à certains de ses membres de quoi satisfaire les financiers qui les ont mis à genoux. En prime, la Banque centrale européenne (BCE) a donné son accord pour racheter aux banques les emprunts d'État ne valant plus grand-chose qu'elles détiennent, contrepartie de leur spéculation sur la dette grecque, espagnole, italienne, anglaise, française ou autre.

Aux États-Unis, les institutions fédérales avaient, au plus fort de la crise sur les « subprimes » de 2007, racheté aux banques leurs titres spéculatifs dévalués, ce qui les avait sauvées de la faillite. La BCE va, pour la même raison, permettre à ses banques de faire le ménage. En même temps, elles pourront prélever leur dîme sur toute l'opération, puisque c'est à elles que l'Europe et le FMI vont s'adresser pour financer leur « plan de sauvetage ».

Dans le même temps, on présentera l'addition de ce racket gigantesque, comme on l'a vu en Grèce, aux travailleurs, chômeurs, retraités... alors qu'ils ne sont pour rien dans la crise.

En France, Fillon a beau refuser le mot « austérité », c'est d'une nouvelle attaque généralisée contre les classes travailleuses qu'il s'agit.

Les capitalistes et les banquiers préfèrent de plus en plus mettre leur argent dans la spéculation financière, au profit immédiat et en fait sans risque. La spéculation sur la dette des États en fait partie. Et ils se tournent vers les États en leur faisant le chantage suivant : ou vous nous donnez directement tout ce que nous voulons, ou nous vous acculons à la faillite. Et cela marche, on vient d'en avoir la preuve !

Interviewé au lendemain de l'accord sur le « plan européen », le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Pierre Lelouche, déclarait : « On est passés à deux doigts de l'abîme... » Il faut croire qu'il connaît son monde, celui des milieux d'affaires dont la soif de profits, qui a déjà déstabilisé l'Europe et la zone euro, n'est ni « moralisable », ni « régulable » - au contraire de ce que voudraient nous faire croire les Sarkozy et autres.

Irresponsables y compris vis-à-vis de leur propre système, comme le montre la déstabilisation de l'Union européenne, les capitalistes ne sont pas réformables. Ce n'est qu'en les expropriant qu'on pourra les empêcher de nuire. Car ce à quoi l'on assiste, ce n'est pas à la « faillite de l'Europe libérale » - titre de L'Humanité du 10 mai -, mais à celle du système capitaliste, en Europe comme ailleurs.

L'idée de la nécessité du renversement révolutionnaire de la classe capitaliste fut longtemps celle du mouvement ouvrier. Avec la crise et ses développements actuels, il est plus vital que jamais que le mouvement ouvrier renoue avec les idées du communisme révolutionnaire, avec la conviction que seul le prolétariat peut ouvrir une issue positive, socialiste, à la crise de la société capitaliste, par un avenir débarrassé des crises, de l'exploitation, des guerres, de l'oppression.

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