Russie : Encore une catastrophe minière13/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une2180.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Russie : Encore une catastrophe minière

47 mineurs et secouristes ont péri, 43 autres ont disparu sans qu'il y ait de chance de les retrouver vivants, reconnaissent les autorités, et 84 de leurs camarades ont été blessés à la suite d'une double explosion de grisou survenue dans l'une des plus grandes mines de Russie, Raspadskaïa, dans le bassin minier de Kemerovo, en Sibérie.

Encore une fois. Car les catastrophes minières se répètent et se suivent en Russie. Rien que dans cette région industrielle du Kouzbass, il ne se passe guère d'année qui n'apporte son lot d'explosions meurtrières : 60 mineurs en sont morts en 2004, 23 en 2005, 30 en 2006, 106 au seul puits Oulianovskaïa en 2007...

Devant les équipes de télévision, le Premier ministre russe Poutine a promis « une enquête très détaillée sur les causes de cet accident et les agissements de tous les responsables ». Ladite enquête risque, comme d'habitude, de s'enliser ou de déboucher sur la mise en cause de lampistes qu'on accusera de « violation des règles de sécurité », motif pour lequel le parquet vient d'ouvrir une instruction.

Mais les véritables responsables de ce qu'il faut bien appeler des assassinats collectifs et répétés de mineurs ne seront pas inquiétés. Pourtant, les causes et les responsables de ces drames, partout les mêmes, sont bien connus. On n'a fait pratiquement aucun investissement dans les infrastructures des puits ou la sécurité au fond depuis la disparition de l'Union soviétique, fin 1991. Et encore moins depuis la privatisation des mines, remises pour une bouchée de pain à des affairistes liés au pouvoir, qui en tirent le maximum. Et mieux vaudrait dire : qui exigent le maximum de travailleurs qui, dans ces régions éloignées, n'ont guère d'autre choix que d'aller risquer leur vie au fond d'une galerie de mine.

Propriétaire de Raspadskaïa, le milliardaire russe le plus en vue du moment, Roman Abramovitch, a depuis longtemps « délocalisé » sa fortune. Notamment à Londres, où il possède entre autres le club de football de Chelsea et où il gère ses affaires depuis son luxueux hôtel particulier. Le nom de sa société qui détient 40 % de Raspadskaïa, Evraz - « eurasiatique » en russe -, convient parfaitement : à lui les délices de la vie des richards européens, aux mineurs, qui assurent son train de vie, l'enfer asiatique d'une vie de damnés.

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