Fralib - Gémenos (Bouches-du-Rhône) : Les travailleurs se sont fait respecter13/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une2180.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fralib - Gémenos (Bouches-du-Rhône) : Les travailleurs se sont fait respecter

À Gémenos, près d'Aubagne, les travailleurs de l'usine Fralib, usine de conditionnement de sachets de thé qui fait partie de la multinationale Unilever, ont mis fin à leur grève qui a duré 58 jours.

Ils ont obtenu un certain nombre de reculs de leur direction : celle-ci doit retirer toutes les sanctions qui avaient en partie provoqué la grève, elle augmente les salaires de 30 euros (soit le double de ce qui était prévu à l'origine), elle limite les retraits de salaire pour fait de grève. Au total, et grâce à l'argent collecté auprès des travailleurs de la région, les grévistes perdront moins d'un demi-mois de salaire pour près de neuf semaines de grève. Certes, la revendication de 200 euros pour tous n'est pas atteinte, mais à la reprise du travail mercredi 5 mai c'était la direction qui faisait grise mine.

Tout au long de la lutte, la centaine de travailleurs en grève, c'est-à-dire la quasi-totalité des ouvriers et une partie des agents de maîtrise, est restée soudée et n'a pas faibli. Les grévistes discutaient beaucoup entre eux, se réunissaient régulièrement et se renforçaient dans leur conviction qu'un groupe comme Unilever devait leur payer des salaires décents, qui représenteraient très peu en comparaison des bénéfices mirifiques encaissés chaque année. Le salaire mensuel du PDG du groupe, 273 fois le smic, laisse imaginer ce que touchent les actionnaires au-dessus de lui.

Les grévistes se sont adressés à la population en perturbant la vente des produits Unilever, qu'ils sortaient des rayons pour les rapporter à la réserve des hypermarchés de la région. Ils ont collecté du soutien financier auprès de travailleurs d'autres entreprises, qui leur ont fait très bon accueil, comme ceux de l'usine Gemalto située dans la même zone industrielle. Ce sont 50 000 euros à ce jour qui ont été recueillis, ce qui a aidé matériellement et moralement pour tenir, de même que les provisions alimentaires apportées par les communes communistes voisines, ou par les travailleurs de l'agro-alimentaire (Coca-Cola, Panzani, Net Cacao).

Les grévistes de Fralib n'ont pas cédé aux multiples tentatives d'intimidation de leur direction, qui a été jusqu'à recruter des gardes du corps patibulaires pour permettre au directeur de l'usine de parader parmi les grévistes. Devant la détermination des grévistes, qui ne se laissaient ni diviser ni impressionner, c'est la direction nationale qui a ouvert les négociations, désavouant de fait le directeur local, particulièrement honni pour son arrogance et son agressivité. Une semaine avant la reprise, à l'occasion d'une manifestation devant le siège parisien d'Unilever France, il y a eu des arrêts de travail dans différentes usines du groupe, ce qui a contribué à convaincre la direction qu'il lui fallait trouver rapidement une issue au conflit.

Les grévistes ont tenu tête à un patron particulièrement arrogant et provocateur, ainsi qu'à une multinationale riche à milliards. Et ils sortent renforcés de leur lutte.

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