Eurocopter - Marignane (Bouches-du-Rhône) : La direction en attendait 500, ils arrivèrent 3 000...13/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une2180.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Eurocopter - Marignane (Bouches-du-Rhône) : La direction en attendait 500, ils arrivèrent 3 000...

La montée de colère provoquée par la proposition de la direction d'une augmentation de 1,9% a rassemblé 3 000 salariés, lundi 10 mai à 14 heures à l'appel de FO majoritaire, ralliée par tous les syndicats de l'usine Eurocopter. On n'avait jamais vu cela à Marignane.

La réponse quasi unanime des travailleurs a surpris tout le monde, y compris les syndicats. Mais la plus surprise a sans doute été la direction qui avait défié le secrétaire de FO : « Vous n'aurez même pas 500 personnes au rassemblement », disait-elle.

Son inquiétude était cependant assez réelle pour que la direction au grand complet, ainsi que les responsables des Ressources humaines, se retrouvent à l'usine dès 5 h 30 du matin, heure de travail qui ne fait pas partie de leurs moeurs.

L'appel à la grève étant pour 14 h, des travailleurs en 2x8 de l'équipe du matin avaient pris leurs dispositions pour participer à la manifestation, par exemple en prenant leur voiture plutôt que le bus de l'usine. Toute la matinée les discussions allaient bon train. Chacun voulait dire au patron qu'il en avait assez d'avoir perdu huit vendredis de RTT et de pointer en bleu depuis septembre, assez des pauses chronométrées à la minute et des réflexions tatillonnes. Et assez de la stagnation des salaires.

À 14 h, dans toute l'usine, des ouvriers et des employés sont donc venus en groupes plus ou moins importants jusqu'à la Bastide, un bâtiment administratif central. Puis le cortège impressionnant de 3 000 salariés est parti vers la Cathédrale, le bâtiment de la direction. Avant de rejoindre la direction, les représentants des cinq syndicats ont pris la parole, acclamés pour chaque déclaration revendicative. Quelques groupes scandaient des slogans, dont « 3,5% minimum » d'augmentation.

Pendant la réunion, les négociateurs en ont eu plein les oreilles des cris et des slogans. Le responsable de la sécurité faisait la navette entre la porte et la salle de réunion, tandis que les gardiens n'étaient pas rassurés. Car des jeunes ouvriers voulaient « pousser » les portes vitrées pour entrer dans le bâtiment. Ce sont les responsables syndicaux qui firent barrage.

Au bout de vingt minutes, les négociateurs sortaient avec la promesse d'une réunion de négociation pour mardi 11, le lendemain.

La tentative de la direction de n'augmenter les salaires que de 1,9%, augmentations générales et individuelles comprises, ne s'explique même pas par une situation difficile. Au contraire, d'après Rotor de mai 2010, le magazine de la direction, « au total, le carnet de commandes d'Eurocopter dépasse les 15 milliards d'euros et concerne 1 300 hélicoptères ». En 2002 le chiffre d'affaires était de 2,5 milliards d'euros. Malgré la crise, il est passé en 2009 à 4,5 milliards d'euros, augmentant considérablement. Ce qui n'a pas été le cas des salaires.

Par contre ce qui a augmenté, c'est la fatigue, les heures supplémentaires, les RTT supprimées, alors qu'il y a 600 intérimaires de moins depuis juin dernier.

Alors, la colère des salariés est plus que justifiée, qui s'est exprimée pour la première fois avec un tel ensemble.

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