Espagne : La « récupération de la mémoire historique » contre la loi du silence.21/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2177.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : La « récupération de la mémoire historique » contre la loi du silence.

La position du juge Baltazar Garzon n'est pas isolée. Depuis une dizaine d'années, les voix sont de plus en plus nombreuses à se faire entendre pour faire connaître la vérité sur le passé. Que ce soit les victimes oubliées de la période du franquisme, ou leurs familles, il y a de plus en plus de personnes et d'associations qui exigent que justice soit faite pour une réparation morale ou économique de cette dictature. Les témoignages, les récits se sont multipliés dans la presse. Les victimes ou leurs descendants ont commencé à s'organiser. L'Association pour la récupération de la mémoire historique (ARMH), en hommage aux 114 266 victimes recensées à ce jour, disparues entre 1936 et 1951, entreprenait en août 2002 une action en justice internationale pour pousser les autorités espagnoles à prendre en charge les exhumations des fosses communes et permettre aux familles d'enterrer dignement leurs morts.

Mais rien n'a été fait. Les députés se sont satisfaits, trois mois plus tard, de voter à l'unanimité une déclaration condamnant l'insurrection militaire du 18 juillet 1936. Quant aux socialistes, de retour au gouvernement, ils ont simplement promulgué en 2007 une loi sur la mémoire historique qui laissait le soin aux familles de se débrouiller pour retrouver leurs morts. C'est dans ce contexte que le juge Garzon avait accepté la requête de ces familles de pouvoir mettre à jour 19 fosses communes. Cet appui qu'il apporte en tant que haut fonctionnaire de l'État à un mouvement qui fait éclater au grand jour les crimes du passé vaut au juge Garzon la hargne de ceux qui ont profité de la loi du silence et cherché à enterrer la mémoire.

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